Faux pas à Tibériade
Publié le 15 janvier 2007 Lecture : 1 minute.
Il a couru tellement vite qu’il a dépassé la frontière du sport. Le 4 janvier, Moushir Salim Jawher (28 ans), un athlète d’origine kényane naturalisé bahreïni en 2004 (son vrai nom est Leonard Mucheru), dispute et remporte le marathon de Tibériade, en Israël. Il est le premier athlète « arabe » à participer à l’épreuve, depuis sa création, il y a trente ans. Deux jours plus tard, il est déchu de sa nationalité d’adoption et l’Union des sportifs du royaume de Bahreïn le prive de tous ses records. L’émirat, en effet, ne reconnaît pas l’État d’Israël et interdit à ses sportifs de prendre part à quelque compétition que ce soit dans ce pays. A-t-on oublié de le briefer sur la géopolitique régionale lors de sa naturalisation ? « On ne m’a jamais dit qu’il était illégal d’entrer en Israël », jure Moushir. A-t-il pris la grosse tête au point de croire que sa participation au marathon de Tibériade puisse rester impunie ? Dans ce cas, le retour sur terre a été brutal.
L’athlète ayant pris la précaution d’entrer en Israël muni de son passeport kényan, invalide depuis sa naturalisation (les autorités de Nairobi ne reconnaissent pas la double nationalité), il est quand même permis de douter de sa bonne foi.
De manière générale, le Kenya apprécie très modérément l’exode de ses coureurs de fond et de demi-fond vers des pays à faible tradition athlétique mais bien pourvus en pétrodollars, qui n’ont trouvé que ce moyen discutable pour bien figurer dans les grandes compétitions internationales. Les règlements de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), que préside le Sénégalais Lamine Diack, autorisent la fédération kényane, si elle le désire bien sûr, à réintégrer le coureur dans un délai de trois ans. En attendant, Moushir Salim Jawher pourra toujours se consoler : avec un temps de 2 h 13′ 12 », il a bien failli battre le record de l’épreuve établi, en 2003, par l’Éthiopien Moges Taye.
