Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 16 novembre 2005 Lecture : 8 minutes.

Amara Essy n’est candidat à rien
Dans l’article titré « Laurent Gbagbo dos au mur » (J.A.I. n° 2338), vous citez, parmi les prétendants au poste de Premier ministre, Amara Essy avec ce commentaire : « Il aura cependant beaucoup de mal à se défaire de l’étiquette, désormais admise, de candidat de Gbagbo. » En tout état de cause, Amara Essy ne doit absolument rien au pouvoir actuel. Comme de nombreux Ivoiriens de sa génération, il a connu l’actuel locataire du palais présidentiel, et leurs relations sont cordiales. Mais Amara Essy doit sa brillante carrière essentiellement à feu Houphouët-Boigny et, à ce jour, il n’est demandeur d’aucun poste. Laurent Gbagbo a beaucoup plus d’intérêt à l’avoir avec lui que le contraire. À ce jour, toutefois, Amara Essy s’est tenu à l’écart de tout débat sur la Côte d’Ivoire.

Torrent d’ordures
Depuis pratiquement six ans, la Côte d’Ivoire, mon pays, se trouve dans une passe difficile. Ni accords ni médiations n’ont rien pu y faire jusqu’ici. Cependant, c’est avec délectation que les leaders du G7, des Forces nouvelles et ceux de la mouvance présidentielle continuent de se tirer dessus à boulets rouges. Ce qui, par-dessus tout, me
fend le cur à vomir, c’est ce torrent d’ordures que les journaux locaux chapeautés par les différents partis ou factions servent à la population ivoirienne comme autant de motifs de haine et de rejet mutuel. Pourtant, j’ose encore le croire, la RCI regorge de
journalistes de talent, honnêtes, dotés d’un sens aigu du professionnalisme et de la déontologie.
Je continue d’être parmi ceux qui pensent que beaucoup de bien peut être fait par le biais de la plume et des ondes radiophoniques, y compris en langues vernaculaires.

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Rêves d’Europe
J’habite en Tunisie depuis deux ans. J’ai des conversations avec des jeunes qui me supplient de leur procurer une invitation pour pouvoir partir en Allemagne, mon pays,
avec bien entendu l’intention de passer illégalement en France ! J’investis ma patience et mon sens de la persuasion pour essayer de faire comprendre à ces jeunes que l’Europe n’est vraiment pas le continent où coulent le lait et le miel Sans succès ! Je suis
accusée de ne pas vouloir leur donner « la chance » de devenir riches et prospères !
Lorsqu’un jeune Tunisien entend qu’une Allemande comme moi gagnait à peu près 1300 euros, il convertit cette somme en dinars et se sent riche !!! Il oublie qu’en Europe j’ai vendu ma voiture pour pouvoir aller de temps en temps en vacances !
Je n’arrive plus à rire des déclarations d’amour enflammées et des promesses de mariage que je reçois de gamins dont je pourrais être la grand-mère (j’ai 64 ans). Je sais bien que la vie est très dure en Afrique, mais est-ce vraiment un idéal de vivre à Paris dans une mansarde de 10 m2, épouvantablement chère, inchauffable, et que l’on partage avec dix
autres personnes ?

Bon courage à Weah!
Sur le terrain du football, j’ai tout sauf des doutes sur George Weah, parce que je sais que ses pieds sont faits pour ça. En revanche, sur le terrain politique, je n’ai que des
doutes sur lui, parce que je crains fort qu’il ne soit pas fait pour ça. Néanmoins, je lui souhaite beaucoup de chance et de courage.

Hier, je n’avais pas les moyens
C’est toujours avec une joie immense que j’accueille Jeune Afrique/l’intelligent. Autrefois, je n’avais pas les moyens de me le procurer : à Tombouctou, dans les années
1980, j’étais obligé de taper à la porte de cadres pour en disposer. Aujourd’hui, je l’achète chaque semaine. Merci pour ce que vous faites pour votre continent !

Un continent en perdition
Voilà plus de quarante ans que l’Afrique subsaharienne s’est affranchie du joug du colonialisme. Nous avions cru au grand destin du peuple africain. Ce fut une grande déception. Les récents événements de Ceuta et de Melilla en sont la triste illustration.
Quarante ans après les indépendances, ce continent, malgré la fertilité de son sous-sol, est à la traîne. Aucun essor économique, aucune perspective à l’horizon. L’objectif,
formulé lors du sommet du millénaire, de sortir de la pauvreté d’ici à 2015 ne sera pas atteint. Conséquences : exode des capitaux et détournements des aides au profit des intérêts personnels placés à l’étranger.
Le Nepad, malgré son vaste programme visant à faire face aux problèmes cruciaux de l’Afrique, suscite peu d’enthousiasme. La carence en matière d’éducation et de santé,
deux activités fondamentales au développement, est dramatique. L’accès à l’eau potable dans certaines régions est un parcours du combattant. L’espérance de vie dans une grande majorité des pays est en baisse en raison du sida, du paludisme et d’autres maladies.
Il ne suffit pas d’augmenter le volume de l’aide ; le développement d’une nation ne peut se faire par procuration. Il faut avant tout une véritable reconversion des mentalités fondée sur une éthique morale et politique. Cela ne peut se faire que dans des États de
droit. Or l’Afrique est loin de créer les conditions pour permettre la bonne gouvernance, d’où mon pessimisme face à un continent en perdition.

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Corruption et Internet
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article « Palmarès du déshonneur » (J.A.I. n° 2337), qui éclaire bien la situation de la corruption à travers le monde. Dommage que la carte manque de lisibilité. Par ailleurs, je voudrais vous signaler une erreur dans l’adresse Internet de Transparency International : c’est http://www. transparency.org et non
ww1.transparency. org qui est un site inconnu.
Réponse : L’adresse Internet http://ww1.transparency.org existe bel et bien, et c’est sur ce site qu’a été diffusé le classement des pays les plus corrompus dans le monde.

Organes de la honte
Le don d’organes suscite des interrogations qui restent sans réponses. De nombreuses personnes préfèrent tirer leur révérence avec leurs organes plutôt que de les donner pour sauver d’autres vies humaines. Cet égoïsme pousse des malades à aller chercher des solutions à la lisière de l’illégalité et de l’immoralité. Les praticiens de la Polynésie
française viennent de reconnaître que de nombreux patients partent recevoir leurs précieux organes en Chine, et cela à moindre coût. La pratique de la peine de mort est notoire dans ce pays, et les médecins prélèvent tout ce qui peut être réutilisé. Cette
pratique inacceptable en Occident n’empêche pas certains de ses habitants d’aller recevoir ces organes de la honte.
Devons-nous rester attachés viscéralement à l’éthique, à la morale et aux principes philosophiques de notre société ou devons-nous céder au pragmatisme pour prolonger nos vies ?

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Kadhafi le mannequin
Le colonel Kadhafi est le prototype du mannequin homme. Il change régulièrement de tenue, passant d’un style à un autre, mélangeant les couleurs et les tendances. Il combine les tenues traditionnelles africaine et arabe, associe le classique libyen et le sahraoui. Ses vêtements vont du violet au jaune ocre, en passant par le vert, le blanc. Souvent, le bonnet est assorti. Depuis longtemps, Kadhafi a rangé son costume militaire pour se
convertir à l’habit civil. Ces changements multiples d’apparence suivent normalement les
changements de politique du colonel : antiaméricaine puis proaméricaine ; proarabe
et nassérienne puis antiarabe et proafricaine ; antioccidentale puis proeuropéenne
Est-ce le moyen qu’a trouvé Kadhafi pour camoufler sa dictature et ses trente-cinq années de pouvoir sans partage ? Pourquoi pas un défilé de mode Kadhafi sous une tente décorée
en plein désert ?

Fier comme le sont les Burkinabè
Notre famille a été émue par l’article paru dans votre journal (J.A.I. n° 2317 du 5 au 11 juin) sur la vie de notre père le général Aboubacar Sangoulé Lamizana, ancien président
de la République, décédé le 26 mai dernier dans sa 89e année. Elle tient à vous remercier
pour ce soutien et cette compassion pour l’homme que vous avez accompagné tout au long de
son parcours politique par vos différents écrits. La famille tient également à remercier
madame Danièle Ben Yahmed et son équipe des éditions Jaguar pour avoir accepté de publier les mémoires de notre père (Sous les drapeaux, 1999, et Sur la brèche, trente ans durant, 2002). Il en était fier, comme le sont les Burkinabè.

Paludisme : bientôt un vaccin
Votre dossier sur le paludisme (J.A.I. n° 2339) est intéressant, mais il ne fait pas état des dernières avancées en matière de recherche pour la lutte contre ce fléau. L’équipe de
Pierre Druilhe, de l’unité de parasitologie biomédicale à l’Institut Pasteur (France), a découvert un candidat vaccin efficace sur l’homme et dénué d’effets secondaires. Elle a recherché au sein de populations infectées quels étaient les antigènes déclenchant des réactions de défense immunitaire chez les personnes naturellement immunisées. Elle a
ainsi découvert un antigène baptisé MSP3 et les essais cliniques ont prouvé que la vaccination à base de MSP3 provoquait chez l’homme une production d’anticorps capables d’éliminer le parasite. Les résultats de ces recherches laissent donc penser qu’il sera bientôt possible de développer un vaccin contre le paludisme. Ils ont été publiés le 8 novembre dernier dans la revue Public Library of Science.

Des bienfaits de la circoncision
J’ai lu avec intérêt le texte intitulé « La circoncision antisida » (J.A.I. n° 2337). La
circoncision est une pratique rituelle commune aux religions musulmane et juive. Au Maroc, les garçons sont circoncis entre 5 et 7 ans. Le petit juif l’est dès l’âge de 8 jours.
La circoncision consiste en l’ablation du prépuce qui recouvre le gland : ainsi aucune
bactérie ne peut-elle venir se nicher dans les replis d’une peau devenue inexistante. Elle est devenue un acte chirurgical pratiqué partout dans le monde, quelles que soient les croyances.
Les pédiatres préfèrent que le garçon ait atteint l’âge de 5 ans et recommandent qu’une anesthésie locale soit pratiquée pour limiter la douleur. Il va de soi que je suis contre l’excision féminine, qui est une opération superflue, sinon cruelle.

Que faisons-nous, nous, Africains ?
Les déplacements des populations, hier, ont permis de peupler les zones vides du globe. Aujourd’hui, ils semblent plus traduire les grandes inégalités économiques mondiales.
Quels sont les pays émetteurs ? Les pays du Sud et quelques pays d’Europe centrale et orientale. Les pays récepteurs ? Les États développés du Nord (Amérique du Nord et Europe
occidentale, Australie, Japon) et quelques pays pétroliers. Les principaux pôles émetteurs
adoptent des mesures restrictives pour contrôler et limiter l’immigration. On condamne le Nord pour ses politiques passées (traite négrière, colonisation) et présentes. Que faisons-nous, nous Africains, pour que nos conditions de vie changent ? Il faut que cela soit clair : les pays du Nord ne viendront jamais développer nos pays à notre place.

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