Algérie – Constitution : « La révision permettrait à l’armée de s’immiscer dans le jeu politique »
Censée rompre avec les pratiques de l’ère Bouteflika, la réforme constitutionnelle présentée par Abdelmadjid Tebboune marque plutôt un durcissement du régime, selon le constitutionnaliste Massensen Cherbi.
Lors du Hirak, ses cours de droit en ligne ont permis aux Algériens d’affûter leurs connaissances de la constitution algérienne et de ses enjeux. Une émulation qui pourrait bien reprendre à l’approche du référendum sur la révision constitutionnelle, prévu le 1er novembre prochain.
Massensen Cherbi, constitutionnaliste et docteur en droit de l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, revient sur le projet de révision constitutionnelle. Une étape formelle vers un durcissement du régime, masqué par des changements du texte en trompe-l’œil. Non seulement, le chef de l’État détient (toujours) des prérogatives exorbitantes, mais l’armée se voit, officiellement, érigée au rang de protectrice « des intérêts vitaux et stratégiques du pays ».
Après le boycott de l’élection présidentielle de décembre 2019 par le Hirak, qu’en sera-t-il du référendum ? D’ores-et-déjà, la question crée des remous chez les Algériens, diaspora incluse.
En tant que constitutionnaliste, quel regard portez-vous sur le référendum dédié à la révision constitutionnelle, prévu le 1er novembre prochain en Algérie ?
Il ne s’agit pas tant d’un référendum que d’un plébiscite césariste, technique déjà employée par le général Bonaparte et son neveu Louis-Napoléon afin de légitimer les régimes autoritaires qu’ils venaient de fonder.
Ce référendum n’émane pas du bas. Il ne porte pas sur un texte écrit par le peuple, à travers une Assemblée constituante. Il est issu du haut, puisqu’il résulte d’une initiative présidentielle.
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