Internet mobile : des efforts sur les prix, pas assez sur le réseau

Si les opérateurs comme Orange ou Telkom mettent en avant leurs efforts pour proposer smartphones et data à bas prix aux consommateurs africains, la progression de la couverture réseau dans les zones rurales reste lente.

La GSMA, lobby mondial des télécoms, constate une baisse du prix moyen des terminaux mobiles sur le continent en 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

La GSMA, lobby mondial des télécoms, constate une baisse du prix moyen des terminaux mobiles sur le continent en 2019. © Sylvain Cherkaoui pour JA

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Publié le 5 octobre 2020 Lecture : 3 minutes.

Tous les ans à la même période, les opérateurs de services mobiles s’adonnent à une guerre des communiqués lançant de nouvelles générations de téléphones 4G d’entrée de gamme. Aussi appelés « smart feature phones« , ces terminaux dotés de clavier numérique et ne coûtant que quelques dizaines de dollars sont leur dernière trouvaille pour rendre la téléphonie mobile abordable et booster la pénétration de l’internet à travers le continent.

Annonces en cascades

Le 29 septembre, Orange a ainsi annoncé la commercialisation en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire et à Madagascar de son Sanza Touch équipé du système d’exploitation Android qu’il propose à 30 dollars, avec un dispositif de facilité de paiement en plusieurs mensualités. Le même jour, Africell en Ouganda a dévoilé le Vida K242, disposant du système d’exploitation développé par le spécialiste français KaiOS.

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Quelques semaines auparavant, Telkom Kenya lançait le Kaduda T-Smart, équipé du même système et mis en vente à un peu plus de 28 dollars. En Tanzanie, l’opérateur Vodacom a même annoncé une rupture de stock de son smart feature phone en décembre 2019.

Une pénétration du mobile qui augmente

Mais ces offres suffisent-elles vraiment à augmenter le taux de pénétration de l’internet mobile ? Pour l’association GSMA, la réponse est oui. Dans une étude sur le sujet publiée au début du mois de septembre, le lobby mondial des télécoms constate une baisse du prix moyen des terminaux mobiles sur le continent.

En 2018 selon le rapport, un téléphone connecté coûtait en moyenne 44 % du revenu mensuel des Africains, contre 34 % en 2019. « En Afrique subsaharienne, le taux de croissance annuel moyen des connexions de smartphones est de 28 % depuis 2015, et ces derniers représentent désormais près de la moitié des connexions totales », observent les experts de la GSMA, bien que la zone héberge 67 % de la population non connectée dans le monde.

Les zones rurales négligées

Scrutées dans le détail, les données confirment néanmoins une constante : bien que le continent soit désormais couvert à 75 % par la technologie 3G et à 49 % par la 4G, la progression de l’internet mobile n’est une réalité que dans les zones urbaines, déjà bien couvertes.

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Les zones rurales, difficile d’accès et dont le potentiel de retour sur investissement est moins intéressant, restent les grandes oubliées des projets privés et des projets ce câblages en partenariats publics-privés. Dans le monde, c’est en Afrique subsaharienne que l’écart entre le taux d’utilisation de l’internet mobile en zone rurales (16 %) et celui des milieux urbains est le plus important (40 %).

Accessibilité(s)

« Nous dépensons un milliard d’euros par an pour la couverture réseau », se défend Elisabeth Medou Badang, porte-parole d’Orange Middle East & Africa et vice-président du groupe chargée de l’Afrique et de l’Océan indien.

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Ces dernières années, ces investissements se sont principalement concentrés sur la conversion des réseaux 2G en réseaux 3G ou 4G, plutôt que sur l’installation – plus coûteuse – de nouvelles antennes. Résultat, pour la première fois sur le continent, 2019 est l’année où les connexions mobiles en haut débit ont surpassé celles en 2G.

Outre l’argument financier, l’isolement géographique et les compétences numériques représentent également un frein à l’adoption de l’internet mobile, constate la GSMA. Si la principale bataille pour l’accessibilité financière semble être en passe d’être gagnée, d’autres barrières restent donc à faire tomber pour aller vers un continent entièrement connecté.

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