Cadres : très chers intérimaires

Recruter un cadre pour une mission à durée déterminée ? Cette pratique est de plus en plus courante chez les groupes présents en Afrique, qui recourent à des cabinets spécialisés pour dénicher la perle rare.

Le management de transition est en plein développement en Afrique. Particularité : sur le continent, la demande est supérieure à l’offre. © Glez

Le management de transition est en plein développement en Afrique. Particularité : sur le continent, la demande est supérieure à l’offre. © Glez

Publié le 2 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

« J’ai besoin d’un DRH, mais il me le faut demain ! » Sollicitée au début de l’année par un client présent dans plusieurs pays africains, la société NIM Europe, spécialiste du management de transition, a dû trouver sans délai un directeur des ressources humaines capable de superviser plusieurs filiales sur le continent et au Moyen-Orient. Peu connu, le management de transition, qui consiste à placer rapidement des cadres de haut niveau pour une durée déterminée (en général un an) à un poste spécifique, est en plein développement en Afrique. Au point que des cabinets comme NIM y font désormais leurs premiers pas.

Particularité du marché africain, la demande est supérieure à l’offre. « Un groupe français vient de nous demander cinq directeurs financiers d’un coup. Ce qui fait qu’en ce moment j’ai sept profils à trouver. Normalement, j’ai plus de manageurs que de clients, mais en Afrique c’est l’inverse », constate Thierry Grimaux, associé de Valtus, l’un des leaders du secteur en France.

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Normalement, j’ai plus de manageurs que de clients, mais en Afrique c’est l’inverse », constate Thierry Grimaux, associé de Valtus

Température

Autre particularité : la finalité des missions. Il y a quelques années, les cabinets cherchaient en priorité des manageurs pour gérer le retrait d’un groupeClotilde Boury : « En Afrique, c’est la guerre des talents » Côte d’Ivoire : le retour des fils prodigues Le manque de main-d’oeuvre qualifiée est criant Dossier formation : quelles sont les meilleures écoles de commerce africaines ? ou fermer une usine. Aujourd’hui, les demandes concernent avant tout des postes liés au développement, que ce soit pour mettre de l’ordre dans le reporting financier d’un groupe qui a connu une forte croissance ou pour prendre la température du marché.

« Pour les entreprises qui ne sont pas encore implantées en Afrique, les demandes concernent avant tout des défricheurs, pour des missions qui durent en moyenne un an », explique Thierry Grimaux.

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JA2780p086 infoPour remplir ces contrats, les profils recherchés sont généralement plus jeunes que sur le marché français. Les chasseurs de têtes ont tendance à favoriser des quadragénaires qui sont passés par des sociétés anglo-saxonnes ou bien, pour les directeurs financiers, par de grands cabinets d’audit. Pour une seule mission réalisée, le prestataire encaisse entre 400 000 et 600 000 euros, soit des prix équivalents à ceux pratiqués en Europe. Cette somme inclut le salaire du manageur de transition, qui reste employé par le cabinet.

X-PM, un grand nom du management de transition dans l’Hexagone, a déjà placé des cadres intérimaires dans une dizaine de pays, notamment en Côte d’Ivoire, au Niger, en Éthiopie ou en Angola pour des sociétés comme Orange, Nexans ou Vallourec. Afin de mieux appréhender les spécificités des marchés africains, l’entreprise vient de signer un partenariat avec Adexen, l’une des sociétés de recrutement les plus solidement établies en Afrique, notamment au Nigeria, où elle a lancé ses activités il y a huit ans.

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Baroudeurs

Si l’association de ces deux structures n’a pas encore débouché sur des missions, les occasions de collaborer ne devraient pas manquer. Alors que la plupart des sociétés de management de transition actives en Afrique n’ont recours qu’à des manageurs occidentaux, le partenariat avec Adexen vise à accéder à une base de données de cadres africains.

« C’est une complémentarité », assure Jean-Marc Finet, associé chargé des équipes grands projets et Afrique au sein de X-PM : « Parmi nos manageurs, nous avons des « baroudeurs », généralement âgés de plus de 50 ans, mais pas d’Africains, alors qu’Adexen a une base de données de cadres à la fois plus jeunes et originaires du continent. »

Le cabinet NIM pourrait suivre la même stratégie. Son directeur général, Grégoire Cabri-Wiltzer, n’exclut pas un rapprochement avec un partenaire local pour intégrer de nouveaux manageurs prêts à partir en mission du jour au lendemain.

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