La fracture africaine en chiffres

Le succès du mobile sur le continent ne doit pas faire oublier que l’accès à Internet reste réservé à de trop rares privilégiés.

Publié le 15 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

La barre du milliard d’internautes dans le monde est désormais franchie (ils étaient 939 millions en juillet dernier) et leur nombre ne cesse de croître : + 13 % attendus l’année prochaine, + 11 % en 2007. Le symbole est d’autant plus fort qu’il a suffi d’une dizaine d’années pour atteindre ce cap. Si la croissance prévue se maintient, la planète comptera 2 milliards d’internautes dans moins de dix ans. Mais le détail des chiffres, résumé dans les infographies de cette page, fait immédiatement apparaître le décalage entre pays riches et pays pauvres : l’Amérique du Nord et l’Europe comptent 17 % de la population mondiale et plus de la moitié des internautes. De toutes les autres régions du monde, l’Afrique apparaît comme étant la plus en retard : 14 % des habitants de la planète, moins de 2 % d’utilisateurs d’Internet. La carence des infrastructures se fait ici cruellement sentir, même si le continent affiche un meilleur classement dans le domaine de la téléphonie mobile : il réunit près de 5 % du total mondial (deux milliards d’usagers).
Ce succès a quelque peu tendance à masquer le retard africain vis-à-vis de la société de l’information. Certes, il démontre que les populations sont capables de prendre un train en marche, leur soif de communiquer pouvant créer un marché suffisant pour que plusieurs opérateurs de téléphonie d’une nouvelle génération s’y épanouissent. Grâce à quoi, dans ce domaine particulier, le continent dispose d’infrastructures nouvelles de communication, même si elles restent concentrées dans les zones urbaines. Mais ce motif de satisfaction ne doit pas faire oublier ce qui reste un handicap fondamental : avant le mobile, l’Afrique n’avait pas le téléphone. Le réseau téléphonique classique se résumait, dans bon nombre de pays, à quelques dizaines de milliers de lignes fixes, dont l’usage était le plus souvent réservé aux administrations, aux entreprises et à une poignée de privilégiés. Or, quoi que puisse promettre la téléphonie mobile, pour l’heure, seuls les câbles du réseau téléphonique permettent de distribuer un signal Internet avec des performances convenables. C’est, en tout cas, la disponibilité de ces infrastructures qui explique la forte progression d’Internet dans les pays occidentaux.
Les tableaux ci-contre illustrent les faiblesses du continent sur ce point particulier. Ils sont établis pour cinq régions du continent, suivant le découpage adopté par la Banque africaine de développement (BAD). Dans chacune apparaissent cinq « champions », correspondant aux pays disposant du plus grand nombre d’abonnés au téléphone mobile. Cette statistique, arrêtée à juillet 2005, est la plus récente disponible à ce jour. Elle provient d’une compilation de plusieurs sources, dont les cabinets d’études de marché Wireless Intelligence et Informa Telecoms & Medias, l’association GSM World, ainsi que les opérateurs eux-mêmes. Ne retenir que ces données donne une vision assez dynamique du continent, où seize pays ont déjà passé le cap du million d’utilisateurs de portables. L’appréciation prend une tout autre dimension à lire les deux colonnes suivantes, où figurent, dans cet ordre, le nombre de lignes fixes et la proportion d’internautes par rapport à la population. Dans ce dernier domaine, plus de la moitié de nos vingt-cinq « champions » de la téléphonie mobile affichent de très mauvais scores, avec moins de 1 % de la population connectée. Voilà la « fracture numérique » dont souffre l’Afrique résumée en dix tableaux et deux idées clés : son retard par rapport au reste du monde et la forte insuffisance d’infrastructures permettant l’accès à Internet, celles-ci étant en outre très inégalement réparties entre les pays.

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