Ces cadres qui ont parié sur le MBA

Pour donner un coup d’accélérateur à leur carrière, ces cadres ont tenté l’aventure du MBA. Et, rétrospectivement, s’en frottent les mains. Mais comment en sont-ils arrivés là ?

Jalil Sebti, directeur au sein de la Banque centrale populaire, fait partie de ces cadres qui ont tenté l’aventure du MBA. DR

Jalil Sebti, directeur au sein de la Banque centrale populaire, fait partie de ces cadres qui ont tenté l’aventure du MBA. DR

Publié le 29 avril 2014 Lecture : 5 minutes.

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Jalil Sebti, directeur division particuliers et professionnels à la Banque centrale populaire, 44 ans Esca, Casablanca

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Ouverture. Selon Jalil Sebti, cette notion résume à elle seule l’apport de l’Executive MBA (EMBA) de l’Esca. Et elle se révèle « primordiale » alors que le Maroc accueille un nombre exponentiel de sociétés étrangères et que son employeur, la Banque centrale populaire (BCP), avance ses pions à l’international.

À l’issue de ses études d’économie en Belgique, ce fils de diplomate intègre la BCP, à laquelle il est toujours resté fidèle. En 2010, alors qu’il est devenu directeur de division après quinze années d’expérience, la banque lui propose de suivre les cours de l’EMBA. Conscient que cette offre va donner un coup d’accélérateur à sa carrière, il fonce. Pendant dix-huit mois, il jongle entre son activité professionnelle et ses deux jours de cours hebdomadaires. « Il faut être bien déterminé, concède-t-il, car le travail s’accumule et finit par empiéter sur la vie de famille. » Le prix à payer pour passer d’une approche métier à une approche transversale de l’entreprise et pour acquérir une meilleure compréhension des interactions professionnelles. L’occasion, aussi, de se frotter aux modèles économiques des pays émergents, à l’occasion de voyages en Turquie, en Chine et en Afrique du Sud.

Finalement, le changement de braquet est réussi pour ce quadra marocain qui retient surtout « la richesse des échanges d’expériences avec la quinzaine de manageurs de [sa] promotion, issus d’horizons différents », mais aussi « l’apport d’outils pour une meilleure compréhension d’un monde multiculturel ». « On se plonge dans tous les registres de l’entreprise : financier, RH, marketing, logistique… », explique-t-il. À peine diplômé, il est nommé directeur général adjoint pour les particuliers et professionnels de la banque. « Cette formation a incontestablement dopé mon évolution professionnelle », reconnaît-il. Avec, à la clé, une augmentation de salaire « assez substantielle ».

Fatima Zahra Ghait, responsable gouvernance chez Eni, 29 ans Ponts et Chaussées, Paris

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Pour Fatima Zahra Ghait, l’histoire a changé en cours de route. Diplômée de l’École nationale de commerce et de gestion de Tanger, cette Rbatie est aussi titulaire d’un master spécialisé en audit, contrôle de gestion et système d’information de la Skema Business School, à Casablanca. Après plus de trois années passées au département d’audit interne de CNIA Saada Assurance, elle se lance dans l’aventure du MBA.

« J’étais régulièrement confrontée à des ingénieurs. Étant issue d’une école de commerce, il me manquait des clés. » Pour « gagner en légitimité », elle choisit le MBA des Ponts et Chaussées. Arrivée en France fin 2011 après avoir démissionné, elle obtient une bourse pour financer les 37 500 euros de la formation.

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En deuxième année, elle opte pour la spécialisation « gestion de risque en entreprise », en double diplôme avec l’École des mines. Elle s’assure que son emploi du temps est compatible avec son activité de consultante, entamée mi-2012 « afin d’amorcer la transition », alors qu’elle élargit l’horizon de sa recherche d’emploi. « Le MBA apprend à réfléchir de manière stratégique et à déléguer. Cela m’a permis de me positionner sur plusieurs emplois à responsabilités », résume-t-elle.

Deux opportunités se présentent rapidement ; elle finit par opter pour un poste de responsable gouvernance chez Eni France afin de découvrir l’univers des hydrocarbures. Un bond dans la hiérarchie et « une belle marge d’évolution côté rémunération ».

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Carole Ramella, fondatrice et directrice générale de GFA Consulting Ltd, 40 ans Insead, Fontainebleau (France)

Diplômée de Sup de Co Reims (France) en 1996 et sensibilisée au capital investissement, cette Franco-Camerounaise ambitionne dès 2003 de mettre en place une offre de diligence raisonnable (due diligence) en Afrique. « Les PME portent la croissance mais ont du mal à obtenir le soutien des banques. Il faut les aider à se financer », plaide Carole Ramella. Après une expérience chez BNP-Paribas comme chargée de clientèle, puis un passage dans l’audit chez Arthur Andersen, elle rejoint le courtier en assurances Gras Savoye et mûrit son projet.

Installée en France, cette mère de deux jeunes enfants jette son dévolu sur le MBA de l’Insead, « qui a l’avantage de proposer une formation à temps plein sur dix mois, en mettant l’accent sur la finance et les études de cas ». Elle démissionne, loue un studio en région parisienne et suit sa formation en 2006, ne retrouvant sa famille que le week-end. Ce « vrai projet familial » a nécessité toute une logistique et le soutien de ses proches pour financer les 100 000 euros de scolarité. Si le retour sur investissement n’a pas été immédiat, « ce MBA a été déterminant dans ma décision de créer une société en Afrique, en 2011, indique-t-elle. Sa force, c’est d’apporter une vision globale de l’entreprise et d’offrir un réseau, qui m’a été précieux au moment de me lancer ».

Après avoir écarté l’Afrique du Sud et le Nigeria « à cause de l’insécurité », le Cameroun « où l’environnement des affaires est très difficile », le Sénégal « où l’activité de capital-investissement est faible » et la Côte d’Ivoire « où la situation était tendue », elle choisit le Ghana. « En plus d’être une démocratie, ce pays offre de réelles perspectives économiques. »

En septembre 2011, Carole Ramella signe son premier mandat avec des clients ghanéens. Depuis, elle pilote seule sa structure de conseil en levée de fonds et envisage de monter un fonds d’investissement ciblant les PME africaines. Objectif : lever 50 millions de dollars (36 millions d’euros) d’ici à deux ans.

Mohamed Ben Rhouma, PDG de Cellcom, 42 ans Mediterranean School of Business, Tunis

« Je ne suis pas allé chercher un nouveau job, c’était un objectif personnel. » En 2010, lorsque Mohamed Ben Rhouma opte pour l’Executive MBA de la Mediterranean School of Business (MSB), ce trentenaire tunisien est déjà gérant du fabricant de mobiles Cellcom. Il en deviendra PDG en 2013. Étudiant, il avait déjà ce diplôme en tête, mais avait préféré acquérir de l’expérience avant de se lancer.

Titulaire d’un bachelor (niveau licence) en sciences du management et en marketing décroché aux États-Unis en 1996, il devient directeur commercial dans des sociétés familiales, passe par le prêt-à-porter, lance un site de promotion sur le web avant d’intégrer Cellcom en 2002. L’idée du MBA ne le quitte pas et il finit par intégrer la MSB en 2010. Fondée sur des études de cas et sur le travail en groupe, « cette formation apporte une vue d’ensemble sur le management et permet de s’ouvrir l’esprit », considère Ben Rhouma. « Les cours de finance, qui manquaient à mon parcours universitaire, y occupent une place très importante. Cette mise à jour a été salutaire », se félicite-t-il.

« On fait du benchmarking, on se critique et on se corrige mutuellement : idéal pour un PDG, à qui personne ne donne de conseils. Et puis, ces qualités, appréciables dans une entreprise, peuvent avoir une incidence sur ma rémunération. »

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