Covid-19 : les assureurs devront-ils payer ?

Alors que la justice sud-africaine doit déterminer si les pertes liées au confinement sont une conséquence directe de la pandémie, le réassureur Swiss Re prévient que les montants en jeu dépassent les capacités des acteurs du secteur.

Siège du réassureur Swiss Re, à Zurich. © EDDY RISCH/AP/SIPA

David Whitehouse © The Africa Report

Publié le 7 octobre 2020 Lecture : 2 minutes.

De plus en plus d’opérateurs économiques touchés par la pandémie, mais aussi par les mesures de confinement qui en résultent, se tournent vers leur compagnie d’assurance pour espérer être indemnisés.

En Afrique du Sud, les sociétés d’hôtellerie ont ainsi poursuivi en justice le plus grand assureur général du pays, Santam (filiale de Sanlam), pour contester ses tentatives d’éviter de payer pour les pertes résultant du confinement. L’opérateur, qui motive ses refus en avançant le fait que la pandémie elle-même et la réponse du gouvernement – le confinement – sont deux événements distincts, attend que la justice sud-africaine se prononce sur cet argument, rejeté par la Haute Cour britannique dans une autre affaire en septembre.

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Les réassureurs en bout de chaîne

Santam, pris en étau entre d’un côté les clients commerciaux qui ont payé leurs primes et qui voient leurs demandes d’indemnisation refusées et de l’autre des réassureurs réticents à indemniser les préjudices, compte donc sur le jugement, attendu pour la mi-novembre, pour savoir s’il classe les dossiers de ses clients ou si les réclamations doivent être étudiées – et transmises, in fine, à ses propres réassureurs.

Invisibles du grand public, ce sont ces sociétés – comme l’allemand Munich Re, le français Scor de France ou le suisse Swiss Re – à qui les assureurs ont transféré leurs risques -, qui risquent d’être finalement responsables de la facture.

Or, pour Beat Strebel, directeur de Swiss Re pour le Moyen-Orient et l’Afrique, interrogé par Jeune Afrique, le constat est sans appel : « Les coûts des pandémies telles que le Covid-19 dépassent la capacité du secteur mondial de l’assurance, ce qui en fait des « risques non assurables », explique-t-il.

2,5 milliards de dollars sécurisés pour les réclamations « valables »

Pour le dirigeant – qui n’a pas souhaité préciser si Swiss Re est l’un des réassureurs de Santam, ni commenter le litige qui se joue devant la justice sud-africaine, compenser les perturbations  subies par les entreprises est une tâche qui incombe aux gouvernements, avec lesquels Swiss Re veut s’engager pour créer des partenariats public-privé. « Nous ne pouvons pas le faire seuls », précise-t-il.

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« Nous avons la capacité et la volonté de payer toutes les réclamations valables », précise le représentant de Swiss Re, basé au Cap. Sa société – qui ne publie pas de résultats régionaux pour l’Afrique mais était la plus importante au monde en termes de primes en 2019 – a déclaré à la fin du mois de juillet avoir sécurisé une somme 2,5 milliards de dollars, et s’attendre à ce cela suffise à couvrir la majorité de ses pertes liées au Covid-19.

Selon Beat Strebel, les demandes d’indemnisation au titre des polices d’assurance contre la perte d’exploitation ont été moins nombreuses en Afrique qu’ailleurs, en raison de niveaux de pénétration plus faibles – à l’exception notable de l’Afrique du Sud.

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