« Comme des chiens ! »
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« Ca n’arrête pas. Je sors du métro, je suis contrôlé, je sors du fast-food, je suis contrôlé… C’est plus une vie ! » Quand Fahmi, 17 ans, se met à raconter sa vie, ce n’est pas du « taf » (travail) qu’il parle, mais du harcèlement quotidien de la police. Sirène silencieuse mais gyrophares allumés, les « keufs » patrouillent en permanence autour de son immeuble, de son collège ou du stade de football. Et gare à celui qui n’a pas sur lui une pièce d’identité !
Aîné d’une famille de cinq enfants, Fahmi affirme n’avoir rien à se reprocher. Sauf son faciès. Né à La Courneuve de parents maghrébins installés depuis trente ans en France, il a cru devenir un citoyen comme les autres le jour où il a reçu sa première pièce d’identité française. « Dès le lendemain, j’ai compris, raconte-t-il. Pour les flics, cette carte n’a aucune valeur. J’étais pourtant fier de l’exhiber la première fois qu’ils m’ont contrôlé. Mais ils m’ont plaqué face au mur pour me fouiller. C’était très humiliant. »
Il y a quelques jours, à la fin d’un match de foot, il tombe sur une patrouille. « Je n’avais pas mes papiers sur moi. Les policiers savent très bien que, lorsque les jeunes vont au stade, ils évitent de prendre leur portefeuille de peur de se le faire piquer. Mais ce jour-là, c’était « tolérance zéro ». Nous avons été conduits au poste, les insultes ont fusé. Quand j’ai parlé de mes droits, ils m’ont répondu : « Ta gueule ! » Quand j’avançais, ils me disaient : « Recule. » Je les vouvoyais, et ils me tutoyaient. On a été traités pire que des chiens. » Après quatre heures d’attente, son père est venu le chercher : « Il avait sa pièce d’identité, la mienne et… la peur au ventre. »
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