Chine : le petit livre vert

Publié le 16 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

En Chine, l’écologie n’est pas une « valeur personnelle », comme dirait Dick Cheney. C’est une nécessité. Pékin était si pollué lors de ma visite qu’on ne voyait pas à plus de six pâtés de maisons. Les dirigeants du pays savent que la croissance effrénée de l’économie les oblige à adopter au plus vite des technologies respectueuses de l’environnement, sous peine de le détruire. C’est cela qui va déterminer si la Chine peut continuer sur sa lancée sans s’étouffer. De leur côté, que font les États-Unis dans ce domaine fondamental ? L’équipe Bush estime qu’il est inutile de réduire la consommation des moteurs, cherche à assouplir la législation sur les raffineries et rejette l’idée d’une taxe pétrolière qui aiderait l’Amérique à passer aux véhicules hybrides.
Or c’est exactement le contraire qu’il faut faire : pousser les industriels à innover pour dominer ce marché futur. Ceux qui pensent que la Chine n’est bonne qu’à fabriquer des vêtements bon marché en seront pour leurs frais dans dix ans lorsqu’ils devront importer de Pékin les techniques écologiques, de la même manière que nous importons aujourd’hui des moteurs hybrides du Japon.
La Chine verte sera un plus rude concurrent que la Chine rouge. Le ministère des Sciences à Pékin est situé dans un immeuble classé « écologique » par une organisation américaine. Bon nombre de ses matériaux proviennent d’Europe ou des États-Unis. Mais les pavés en cendres de charbon compactées qui laissent passer l’eau de pluie pour mieux alimenter la nappe phréatique, les panneaux solaires qui fournissent 10 % de l’électricité de l’immeuble, le système d’eau chaude, le substitut de terre utilisé dans les jardins sur le toit, 75 % plus léger que du terreau normal mais retenant trois à quatre fois plus d’eau, ou les parpaings de ciment remplis d’une mousse isolante qui protègent des variations thermiques… sont tous made in China.
Et, d’après Jack Perkowski, patron d’un grand fabricant américain de composants automobiles installé ici, « lorsque la Chine deviendra le premier marché automobile mondial, elle devra trouver des solutions peu onéreuses, économes en carburant et qui préservent l’environnement ». Une fois ces technologies vertes adoptées et diffusées à grande échelle, l’empire du Milieu établira les standards internationaux. « Les Chinois vont devenir des exportateurs de technologie, plutôt que des importateurs », résume Perkowski.
Les États-Unis ne sont donc pas la seule source d’innovation de la planète, et les Européens comme les Japonais sont largement présents en Chine. Mais les Américains méritent de perdre cette bataille, car ils s’accrochent au passé avec des mains tremblantes, tandis que le reste du monde tient fermement son avenir en main.

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