Projets en stock

Plusieurs sociétés étrangères financent le développement de l’activité dans l’agriculture, la banque et l’hôtellerie.

Publié le 10 août 2007 Lecture : 4 minutes.

Le Congo serait-il devenu un pays attractif pour les investisseurs ? Force est de constater que, depuis plusieurs mois, les délégations d’hommes d’affaires étrangers se succèdent dans le pays. Si certains projets n’en sont encore qu’au stade des intentions ou des négociations, d’autres, publics ou privés, ont déjà été lancés avec le concours de partenaires asiatiques, maghrébins ou encore émiratis.
Alors que le secteur pétrolier fait l’objet de 388,4 milliards de F CFA (592 millions d’euros) d’investissement en 2006, sur un total de 489,8 milliards de F CFA pour l’ensemble du secteur privé, le bâtiment, les travaux publics et l’énergie représentent, eux aussi, d’importants marchés. En 2007, près de la moitié du budget d’investissement public, qui s’élève à 345 milliards de F CFA, est consacrée à la réhabilitation et à la construction d’infrastructures. L’équipement et les travaux publics absorbent à eux seuls plus de 21,5 % des financements, l’énergie et l’hydraulique près de 14 %. Le secteur du BTP profite également des investissements destinés à la santé et à l’éducation (environ 7 % du budget d’investissement), ainsi qu’à la municipalisation (10 % du budget).

Les financements consacrés aux infrastructures de base profitent peu au secteur privé congolais et davantage aux sociétés étrangères, qui disposent de moyens financiers et techniques plus solides. Si les entreprises comme Escom, Socofran et SGE-Congo tirent toutes profit du boom de la construction, elles doivent toutefois faire face à une concurrence accrue des sociétés chinoises, qui sont de plus en plus présentes dans le pays depuis les accords de partenariat signés entre Brazzaville et Pékin.
Bien que moins importants, les investissements privés ne manquent pas. Parmi les secteurs qui ont le vent en poupe figurent les télécommunications. Le marché de la téléphonie, qui compte actuellement deux opérateurs, MTN (ex-Libertis Telecom) et Celtel, et près de un million d’abonnés, enregistrera prochainement un nouveau venu. Warid Telecom, une filiale de Dhabi Group basée aux Émirats arabes unis, devrait démarrer ses activités en 2008. Quant à l’équipementier chinois Huawei Technologies, il doit installer un réseau CDMA (Code Division Multiple Access) de téléphonie mobile, une technologie qui permettra aux Congolais de disposer de l’Internet à haut débit sans fil.
Le secteur financier n’est pas en reste. Deux nouvelles compagnies d’assurances se sont implantées dans le pays : l’Assurance générale du Congo (AGC) et la Nouvelle Société ivoirienne d’assurance du Congo (NSIA). Le système bancaire connaît également des changements. La privatisation de la Cofipa, reprise par le Groupe Banque populaire français, a donné naissance à la Banque commerciale internationale (BCI), qui a démarré ses activités en octobre 2006. Son capital, de 2 milliards de F CFA, est entièrement détenu par le Groupe Banque populaire. La Cofipa a cessé d’exister depuis le 30 septembre 2006.
La Banque de l’habitat de Tunisie entrera à hauteur de 10 % dans le capital de la future Banque congolaise de l’habitat, qui devrait prochainement ouvrir son siège à Brazzaville. Avec la présence de la Banque marocaine pour le commerce extérieur (BMCE) dans le capital de la Congolaise des Banques, les milieux financiers maghrébins renforcent leurs positions dans le pays. Les Mutuelles congolaises d’épargne et de crédit (Mucodec), quant à elles, sont appelées à devenir d’ici à 2009 une Banque de crédit mutuel d’Afrique centrale.
L’agro-industrie et l’agriculture attirent également les investisseurs. Ainsi, la société espagnole Aurantia prévoit de cultiver plusieurs milliers d’hectares de palmiers et de mettre en place quatre unités d’extraction d’huile de palme, en vue de la production de biodiesel. L’entreprise a déjà fait ses preuves sur le continent dans ce domaine, notamment au Mozambique, au Sénégal et en Guinée. Des sociétés malaisiennes et coréennes, pour leur part, étudient la possibilité de créer des palmeraies à huile dans la Sangha, les deux Cuvettes et la Lékoumou. La société saoudienne Corral Petroleum Holding a également fait savoir qu’elle était prête à investir dans le secteur agricole. En attendant de se lancer dans le pétrole, les mines et le tourisme.

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Les choses bougent également dans l’hôtellerie. Les travaux de réhabilitation de l’hôtel Méridien de Brazzaville, dont s’est porté acquéreur le groupe Libyan Arab African Investment Company, devraient débuter fin 2007. Également dans la capitale, l’hôtel Mbamou Palace, ancien fleuron de l’industrie hôtelière congolaise, dévasté pendant la guerre de 1997, a été repris par un holding d’investissement basé au Luxembourg. Réalisés par la société Soludec, les travaux de réhabilitation devraient prendre fin en 2008. Une fois rénové, l’établissement sera géré par la chaîne hôtelière américaine Hilton.
D’importants projets miniers et industriels pourraient également démarrer dans les mois prochains. L’américain Century Aluminium Company envisage d’installer une usine d’aluminium dans le sud du pays. Déjà présent dans la filière eucalyptus, avec sa division MagForestry, le canadien MagIndustries projette d’établir une usine d’engrais (potasse) d’une capacité de production de 600 000 tonnes par an à Pointe-Noire, via sa filiale MagMinerals. MagMetals, autre filiale du groupe canadien, envisage la construction d’un four à fusion de magnésium (72 000 tonnes par an), pour produire des alliages de magnésium destinés à l’industrie automobile mondiale. Enfin, les minerais de fer de Zanaga et de Mayoko, dans l’ouest du pays, pourraient faire l’objet d’une exploitation. Des projets qui restent toutefois conditionnés à la construction d’une nouvelle voie ferrée (voir encadré page précédente) et de l’offre en électricité, qui pourrait néanmoins s’accroître grâce notamment à la construction de centrales thermiques à gaz sous forme de concession BOT. De quoi changer le visage de l’économie congolaise dans les années à venir.

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