La bataille de l’uranium
Après avoir été longtemps ignorée ou pillée, l’Afrique veut mettre un peu d’ordre dans son sous-sol. Les compagnies internationales vont devoir se conformer à cette nouvelle donne.
Troisième producteur mondial d’uranium après le Canada (29 % de parts de marché) et l’Australie (22 %), le Niger (9 %) fait figure de pays stratégique. Implantée depuis les années 1970, la société française Areva exploite le gisement d’Arlit (nord du pays), via deux filiales, Cominak et Somaïr, dont l’État nigérien est aussi actionnaire. En 2006, la production a été de 2 260 tonnes sur une production mondiale avoisinant les 40 000 tonnes. Areva compte par ailleurs investir 1 milliard d’euros sur un nouveau site dans le nord du pays, Imouraren, dont les réserves sont estimées à 80 000 tonnes.
Depuis quelques années, l’uranium a flambé. De moins de 10 dollars la livre en 2002, il a atteint 135 dollars cette année : ce prix « spot » très élevé ne concerne que 10 % du marché, le reste est vendu à moyen terme et n’atteint pas ces sommets. Il n’empêche, cette fièvre sur le yellow cake a de quoi aiguiser les appétits alors que la demande globale d’uranium est estimée à 66 000 tonnes. La concurrence arrive donc en force au Niger et le gouvernement a délivré de nombreux permis d’exploration à des firmes canadiennes et surtout chinoises. En 2006, la China Nuclear Engineering and Construction Corporation (CNEC) a notamment décroché le site de Teguidan Tessoumt, dans le nord du Niger. Avec des réserves estimées à 12 764 tonnes, l’exploitation doit débuter en 2010.
Cette redistribution des cartes a également occasionné une tension entre la France et le Niger, après l’expulsion du directeur d’Areva au Niger, Dominique Pin, le 25 juillet. Les autorités du pays accusaient la société française d’avoir soutenu les rebelles touaregs du MNJ. Paris dénonçait une manoeuvre alors que les négociations pour la reconduction de la concession d’Arlit se poursuivaient. Finalement, un accord a été signé, le 1er août, lors de la visite à Niamey du secrétaire d’État français à la Coopération et à la Francophonie, Jean-Marie Bockel. Selon les autorités nigériennes, la firme française va désormais payer 40 000 F CFA (60,98 euros) le kilo d’uranium au lieu de 27 300 F CFA (41,62 euros). L’augmentation du prix serait rétroactive au 1er janvier 2007. Pour le Niger, il n’y a pas de raison de ne pas profiter de l’engouement pour l’atome.
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