Hugues Gervais Ondaye

L’organisateur du festival « Feux de Brazza » fait revivre les musiques traditionnelles congolaises. Avec flamme !

Publié le 10 août 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est un sentiment d’agacement qui a tout déclenché. « Lors du Festival panafricain de musique de 2003, j’ai été choqué par l’attitude du public, qui a hué un groupe de musiciens bororo du Niger, raconte Hugues Gervais Ondaye. J’ai alors décidé de créer un événement exclusivement consacré à la musique traditionnelle. » Ainsi est né le festival populaire des musiques traditionnelles « Feux de Brazza ».
Passionné de musique et économiste de formation, Ondaye a d’abord produit des groupes de musique moderne avant de s’intéresser au patrimoine congolais. Dans le hit-parade de « l’opérateur culturel » figurent Olé, originaire des Plateaux, Moukoukoulou National Le Peuple, nom d’une rivière du Niari « dont les percussions rappellent l’écoulement de l’eau », ou encore Ntémo-Kongo, un groupe de Boko, dans le Pool, « célèbre pour ses danses ».

Après avoir suivi une formation de management culturel à l’université de Moncton, au Canada, le jeune homme allume les « Feux de Brazza » en 2005. Un succès. Dès la première édition, neuf groupes se sont produits sur la scène du festival installée à Talangaï, une commune située au nord de Brazzaville. L’année suivante, pas moins de vingt-deux formations, venues pour certaines d’entre elles de la République démocratique du Congo, du Niger et du Cameroun, ont été programmées.
Mais ne joue pas qui veut. Les critères de sélection imposés par l’organisateur sont rigoureux. « Nous choisissons les groupes en fonction des cassettes et des CD qu’ils nous envoient, explique-t-il. L’orchestre doit avoir un répertoire de musique traditionnelle et compter un nombre restreint de membres. Nous invitons également des griots et des acrobates. » Le tout évoluant dans un décor élaboré dans la plus pure tradition. Paillotes, forêt artificielle c’est avec un sens certain de la scénographie qu’Ondaye prépare son festival, où « l’allumage des flambeaux se fait la nuit, à ciel ouvert, comme au village ».
Mais l’organisation d’une telle manifestation relève parfois de la gageure. « Feux de Brazza », spectacle entièrement gratuit, ne dispose en effet d’aucune aide de l’État. « En 2006, le festival nous a coûté 32 millions de F CFA. Ce sont des amis, des hommes d’affaires et quelques préfets congolais qui l’ont financé. » Le 9 mai, Ondaye a annoncé le report de la troisième édition. Initialement prévue pour ce mois d’août, elle aura finalement lieu le 10 août 2008. En attendant, l’organisateur participera, en octobre prochain, au Festival mondial de la musique, qui se tiendra à Pékin, où il espère conclure des partenariats et trouver des financements. Ondaye connaît déjà son argumentaire : « Les populations renouent avec leur identité grâce à cette musique, qui fait partie de leur vie quotidienne. Notre festival a permis de montrer les liens qui existent entre tous les musiciens du pays », insiste-t-il. Souhaitons que les « Feux de Brazza » restent longtemps allumés.

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