Détournement de dette

Des spéculateurs américains menacent deux sociétés pétrolières, et même l’État, de poursuites judiciaires. L’un d’eux réclame 150 millions de dollars.

Publié le 10 août 2007 Lecture : 2 minutes.

La Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) n’a pas fini de faire des cauchemars. Depuis plusieurs mois, les fonds spéculatifs (hedge funds) qui ont racheté les dettes de la compagnie, autrefois détenues par des banques du Club de Londres, réclament leur dû, quitte à engager des poursuites judiciaires contre l’État congolais. En février dernier, le président Denis Sassou Nguesso affirmait que certains d’entre eux réclamaient le remboursement de 150 millions de dollars, après avoir racheté pour seulement 1,5 million de dollars de dettes congolaises.
Parmi les bêtes noires du gouvernement figurent Af-Cap, Kensington International et Elliott Associates. Pour éviter que l’or noir de la SNPC, chargée de commercialiser le pétrole du pays, ne soit saisi, les autorités ont dû ruser en suspendant la vente de pétrole brut aux États-Unis. Mais la SNPC n’est pas la seule compagnie pétrolière visée. Af-Cap réclame également quelque 200 millions de dollars à l’opérateur pétrolier CMS Nomeco.
Ces « fonds vautours » (voir encadré) n’ont en tout cas pas laissé l’opinion publique indifférente. Ni le monde des affaires. Certains groupes américains craignent en effet que les mesures de suspension des ventes de pétrole aux États-Unis n’aient un impact sur l’économie américaine. La communauté financière internationale a, elle aussi, réagi, la Banque mondiale a fait part de son inquiétude. Lors du sommet G8 Finances (réunion des ministres des Finances des huit pays les plus riches du monde), qui s’est tenu en mai dernier en Allemagne, le Club de Paris a été alerté sur le fait de ne pas vendre ses créances des pays sous programme PPTE (Pays pauvres très endettés) aux fonds n’envisageant pas de mettre en uvre les allégements de dette.
Dans le cadre de l’Initiative PPTE, la marge de manuvre des hedge funds est limitée, puisqu’ils sont tenus d’engager des négociations, via le Club de Paris, pour appliquer une décote à leurs créances. Un cadre du ministère des Finances congolais affirmait récemment que « les fonds vautours, derrière lesquels se cacheraient des lobbies, voire des membres de l’administration américaine, auraient fait pression pour empêcher le Congo d’atteindre le point de décision de l’Initiative PPTE ». Un moyen d’échapper à la décote ? Le point d’achèvement, lui, forcera les fonds vautours à revenir à des pratiques plus saines. Reste à l’État congolais de tout mettre en uvre pour y parvenir le plus rapidement possible.

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