Des milliardaires à la douzaine

Dans son édition estivale, le magazine Challenges dresse le classement des plus grandes fortunes françaises. Comme ailleurs dans le monde, les riches sont de plus en plus riches, mais surtout de plus en plus nombreux.

Publié le 10 août 2007 Lecture : 5 minutes.

Comme tous les ans à pareille époque, le magazine français Challenges publie son classement des 500 plus grandes fortunes de France. Avec, en couverture, cette année, le couple très glamour que forment Salma Hayek, l’actrice mexicaine, et François-Henri Pinault, l’héritier de François Pinault. De quoi faire rêver les Français en vacances
Président du groupe PPR, qui possède, notamment, l’enseigne CFAO (automobile, informatique, pharmacie), historiquement implanté en Afrique, mais aussi La Redoute et Gucci, Pinault père affiche en 2007 un patrimoine qui s’élève à 10,3 milliards d’euros. Une fortune colossale, qui n’arrive pourtant qu’en 4e position du classement. Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH (qui possède, entre autres, les fameuses marques Vuitton et Dior, mais aussi les champagnes Moët et Chandon et les montres Tag), en tête du palmarès, peut, en effet, se targuer de peser presque deux fois plus lourd que son rival, avec une fortune qui s’élève à 23,1 milliards d’euros. Le temps des simples millionnaires n’est plus qu’un lointain souvenir ! La fortune des derniers du classement culmine déjà à 60 millions d’euros
Si les riches ne se cachent plus, ils se comportent, par ailleurs, de plus en plus comme des stars. Et pour cause : outre le fait que leur compte en banque devient chaque année de plus en plus fourni, ils sont aussi de plus en plus nombreux. Entre 1996 et 2007, le nombre de milliardaires a triplé dans le monde, passant de 89 à 251, relève le magazine. Un phénomène lié d’une part à des marchés financiers qui ne cessent de battre des records, mais aussi à des taux d’intérêt attractifs et à de bons résultats des valeurs Internet.
Reste que si les riches sont de plus en plus riches, les pauvres, eux, voient leurs revenus stagner, dénonce l’Observatoire des inégalités. La France compterait ainsi quelque 3,6 millions d’indigents. Si, entre 1996 et 2004, l’écart entre les plus hauts et les plus bas revenus n’a pas trop varié, les différences de patrimoine n’ont, elles, cessé de se creuser. En dix ans, Bernard Arnault a, par exemple, multiplié sa fortune par quatre ! Le mythe de Rockfeller a décidément vécu et mieux vaut, pour s’enrichir, avoir un pécule au départ
Le leader incontesté de ce classement, Bernard Arnault, consolide sa première place, longtemps détenue par Liliane Bettencourt. L’héritière de L’Oréal, leader mondial des cosmétiques, se maintient, elle, en 3e position, avec un patrimoine de 15,9 milliards d’euros. La vénérable dame est l’une des rares femmes à faire partie des Français les plus fortunés : elles ne sont en effet que 35 à figurer dans ce classement. Bien souvent grâce à leur famille. La plupart d’entre elles sont en effet des « filles de », héritières de la fortune construite par leurs pères.
Deuxième du classement, Vianney Mulliez (17 milliards d’euros) est sans doute celui qui symbolise le mieux les fortunes françaises : l’homme d’affaires fait partie d’un holding familial qui a gagné ses galons dans la grande distribution avec l’enseigne des supermarchés Auchan. Les trois quarts des fortunes recensées par Challenges sont aux mains non pas d’un individu, mais d’un clan. La famille Wendel, leader dans la sidérurgie et 20e dans le classement de l’hebdomadaire économique avec un patrimoine de 2,5 milliards d’euros, est issue d’une lignée d’industriels qui a percé au XIXe siècle. Un de ses membres n’est autre que le baron Ernest-Antoine Seillière, l’ancien président du Medef, le patronat français.
Autre famille bien connue du monde de l’entreprise en Afrique : les Bouygues, qui ont fait fortune dans les télécoms et le BTP, possèdent également TF1, la chaîne de télévision la plus puissante d’Europe. Elle pointe à la 13e place du classement, avec une richesse estimée à 4,1 milliards d’euros, juste derrière Vincent Bolloré, 12e, qui affiche, lui, un patrimoine de 4,3 milliards d’euros. Présent dans presque tous les pays africains, le Breton s’est fait un nom dans les transports, l’un des secteurs les plus lucratifs avec la communication, le luxe, la grande distribution et l’Internet.
La plupart des nouveaux venus au paradis des millionnaires sont, en effet, issus de la « Web génération ». Âgés d’à peine 40 ans, ils ont tous eu une idée lumineuse qu’ils ont su faire fructifier avant de la vendre à prix d’or. Avec 400 millions d’euros de patrimoine en 2007, les frères Charles, qui détiennent 40 % de cdiscount.com, leader français du commerce en ligne, réalisent l’une des plus belles progressions, passant de la 223e place en 2006 à la 101e cette année. Autre success story made in Internet : Denys Chalumeau, créateur de seloger.com qui, avec 109 millions d’euros de patrimoine, entre, pour la première fois, dans le classement, directement à la 307e place.
Parmi cette génération montante, point de fils d’immigrés africains. À l’exception notable de Jérôme Dahan, 47 ans, dont le père était marocain. Sa marque de jeans branchés, vendus 300 dollars (210 euros) pièce aux États-Unis, lui permet d’afficher aujourd’hui un pactole de 180 millions d’euros. Mais comme la plupart des entrepreneurs du textile, Dahan accuse une baisse dans le classement par rapport à l’année dernière, chutant de la 165e à la 210e place.
Les grandes fortunes ne sont pas essentiellement françaises. Loin s’en faut. Champions toutes catégories en ce qui concerne le nombre de milliardaires : les États-Unis, bien sûr, qui en abritent 415. Selon le magazine américain Forbes, 15 Français seulement font partie de ce cercle très fermé (Challenges en recense, pour sa part, 47). Mais la grande nouveauté de 2007 reste, sans nul doute, la consécration du Mexicain Carlos Slim Helú. L’heureux propriétaire du groupe Carso, spécialisé notamment dans les télécommunications, est devenu cette année l’homme le plus riche du monde. Avec une fortune estimée à 59 milliards d’euros, il a ravi la place du numéro un au pape de l’informatique, l’Américain Bill Gates.
Selon Forbes toujours, l’Afrique compte, pour sa part, six milliardaires. La moitié d’entre eux sont des membres du clan égyptien des Sawiri. Naguib, le patron d’Orascom, arrive en tête avec 7,3 milliards d’euros, suivi par ses frères, tous dirigeants d’une des filiales du groupe, Onsi, 3,6 milliards, Nassef, 2,8 milliards, et Samih, 1 milliard. À eux quatre, ils totalisent l’une des dix premières fortunes mondiales !
Challenges dresse, enfin, le portrait de Mohammed « Mo » Ibrahim, un Britannique d’origine soudanaise. L’homme a été le premier à se lancer dans la téléphonie mobile en Afrique. Il a acquis sa fortune actuelle grâce à la vente de son entreprise, Celtel, à des Koweïtiens en 2005, pour 2,6 milliards d’euros. Non content d’être un businessman, Mo Ibrahim est aussi un philanthrope : d’ici à la fin de l’année, la fondation qui porte son nom décernera le prix de la bonne gouvernance en Afrique. Quelque 3,7 millions d’euros récompenseront le dirigeant le plus vertueux du continent. Un futur millionnaire

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