Bonnie Campbell

Bonnie Campbell, professeur à l’université du Québec à Montréal, dirige le groupe de recherche sur les activités minières en Afrique qui a réalisé de nombreuses études sur les questions de développement économique et social liées à ce secteur.

Publié le 10 août 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Plusieurs pays, dont le Liberia et la Guinée, ont annoncé la renégociation des contrats miniers. D’autres, comme la Tanzanie et la Zambie, entendent augmenter les redevances payées par les opérateurs. Comment interpréter ces décisions ?
BONNIE CAMPBELL : Il faut d’abord attirer l’attention sur la manière dont s’expriment ces décisions. En Tanzanie, c’est le ministre délégué des Mines qui a soumis au Parlement un rapport gouvernemental affirmant que les chiffres avancés par les opérateurs miniers étaient inexacts et que les grandes compagnies aurifères devaient assumer leurs responsabilités auprès des populations. Des constats assez similaires ont été révélés au Ghana par le premier rapport réalisé dans le cadre de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI). Les réclamations émises par un nombre croissant de pays africains font partie d’un mouvement beaucoup plus vaste qui s’étend bien au-delà de quelques pays d’Afrique et touche également de nombreux pays d’Amérique latine riches en ressources minières.
Le secteur minier semble avoir des conséquences économiques et sociales limitées. Pourquoi ?
À terme, le secteur minier n’est pas soutenable, car une mine s’épuise. Ce qui est important, ce sont les liens d’entraînement avec les autres secteurs économiques pendant la durée d’exploitation. Au Mali, les retombées de la filière agropastorale concernent plus de trois millions de personnes. La filière aurifère, elle, n’emploie que 4 000 personnes et a tendance à rester enclavée. Si certains codes miniers contiennent des prévisions en matière de transformation locale, ils ne prennent pas toujours en compte la nécessité de créer une dynamique intersectorielle ou de préserver l’environnement. Au Mali, le code minier de 1999 introduit l’obligation de faire des études d’impact environnemental lors de la phase d’exploration. Mais celui du Burkina, datant pourtant de 2003, ne prend pas en compte cette nécessité.
N’y a-t-il pas un risque d’un retrait des multinationales, comme c’est le cas en Afrique du Sud, surtout lorsque les cours boursiers seront retombés ?
Il y a aujourd’hui une croissance incroyable de la demande pour les minerais notamment de la part des pays émergents. Il n’y a jamais eu de périodes aussi opportunes pour réviser les codes miniers. Mais il est extrêmement important que ces révisions soient portées par des organisations régionales. ¦

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