Logique de confrontations

Publié le 21 août 2006 Lecture : 3 minutes.

En faisant prisonniers deux soldats israéliens, le Hezbollah avait pour but, de toute évidence, d’amener Israël, comme il y a quelques années, à accepter un échange. C’était de bonne guerre.
En accusant cette organisation – déjà considérée, en Amérique, comme terroriste – d’agir pour le compte de l’Iran, Israël voulait faire d’une pierre trois coups : établir un lien entre cet incident et le contentieux iranien, éluder l’échange implicitement proposé et, chose à présent généralement admise, saisir l’occasion, concomitamment avec les opérations en cours contre le Hamas palestinien, pour casser le Hezbollah.
Concernant « les événements » du Liban, la plupart des observateurs sont d’accord pour dire qu’Israël n’attendait qu’un prétexte – fût-il relativement mineur – pour déclencher ce déluge de feu sur le Liban. Mais la question qui divise ces mêmes observateurs est de savoir quel objectif poursuit Israël à travers cette nouvelle guerre du Liban.
Car le comportement de l’État hébreu à l’égard de ce petit pays tient de la démence : un furieux déchaînement des passions, hors de tout discernement, défiant la raison.
Israël y procède à des expéditions punitives collectives d’une ampleur sans précédent, avec une constance qui ne se dément ni de jour ni de nuit. Israël n’y combat pas des hommes. Il exécute des opérations de dératisation générale. Sans précaution aucune pour l’environnement humain, social ou économique. Advienne que pourra, n’importe ! Les stratèges de cette guerre n’en ont cure.
Pour la justifier, Tony Blair essaie de l’insérer dans une cause sacrée : la lutte contre le terrorisme. Il va jusqu’à placer la question sur le plan des valeurs, afin d’intégrer le comportement israélien dans les préoccupations des nations civilisées. Il oublie cependant que le terrorisme est le fruit amer de l’injustice, de l’oppression – auxquelles s’ajoute l’indifférence superbe des grands États -, les trois antivaleurs, actuellement à l’uvre, pour saper les fondements de la communauté des Nations unies.
Mais tout le monde – y compris au sein du Labour – sait bien que ce discours n’est qu’un artifice de rhétorique politique. Car jusqu’où faut-il pousser la naïveté pour donner raison à Israël dans toutes ses gesticulations meurtrières ? À suivre la sempiternelle logique israélienne, il faudrait combattre une multitude de nations, pulvériser un nombre indéfini d’États, afin que l’État juif se sente enfin en sécurité.
C’est cette logique qui conduit Washington à prendre chaque problème régional à rebrousse-poil, de manière à le rendre explosif et à faire en sorte que son règlement relève de la chirurgie militaire. La décision américaine d’envahir l’Irak n’est pas sans rapport avec cette logique israélienne de confrontations de plus en plus vastes, en cercles concentriques de plus en plus éclatés. En effet, quelle stratégie mène Washington au Moyen-Orient en ravivant les tensions ethno-confessionnelles en Irak, en laissant Israël casser le Liban, en donnant l’impression qu’il ne verrait pas d’un mauvais il l’émiettement de tout l’environnement arabe d’Israël ?
Les politologues les plus bienveillants assurent que ce que veut Israël, c’est une garantie pour son existence et sa sécurité. Si Israël est uniquement soucieux de la pérennité de son État, en paix et en sécurité, les conditions nécessaires et suffisantes pour cela, du côté arabe, sont réunies. Avec, en plus, comme assurance contre les mauvais coups du sort, la force de frappe nucléaire qu’Israël possède, la légalité onusienne qui lui donne une légitimité internationale, la puissance des communautés juives d’Amérique et d’Europe, qui lui assurent une protection inconditionnelle de ces pays.
Je suis persuadé que les populations israélienne et palestinienne ne veulent rien d’autre.

* Ancien secrétaire général de la Ligue arabe.

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