Jacques Chirac, Line Renaud et les Sebago
Dans une autre séquence de sa vie, Michel Roussin est un proche collaborateur de Chirac. Il est captivé, il s’amuse, il participe.
Chirac aux États-Unis, il faut le voir pour le croire. Tout d’abord, le jet lag n’a aucune influence sur son comportement. Quels que soient les voyages qu’il entreprend, vers l’Est ou vers l’Ouest, il dort. Cela lui donne un avantage sur les personnes qui l’accompagnent.
À l’arrivée, il est frais, souriant et même joyeux lorsqu’il aperçoit ses amis dans la petite foule empressée venue l’accueillir. À Los Angeles, Line Renaud et son époux sont là, accompagnés de quelques jolies jeunes femmes et des élus parisiens déjà sur place. Le consul général de France, un de ses camarades de promotion de l’ENA, assume l’amicale partie officielle de l’accueil.
Chirac semble tenté de quitter l’aéroport dans l’immense limousine affrétée par Line Renaud. L’intérieur est capitonné, le bar garni de whisky et de champagne, il y a un téléviseur de bord. La tentation est de courte durée : il se ressaisit et part avec le consul général. C’est mieux ainsi, car nous sommes accompagnés de journalistes. Mais Guy Drut et moi n’oublierons pas cette mémorable balade jusqu’à l’hôtel !
Jacques Chirac est heureux aux États-Unis, peut-être parce qu’il renoue avec ses souvenirs de jeunesse. On a beaucoup écrit sur le sujet. Une amie de la famille Chirac le décrit ainsi dans son Journal : « De retour des États-Unis, Jacques paraît épanoui. Il a vécu toutes sortes d’aventures, il a été plongeur, chauffeur et que sais-je encore Ce dont Jacques est le plus fier, c’est de ses mocassins Sebago que portent tous les étudiants américains, des chaussures qui même neuves ne lui ont jamais fait mal aux pieds »
Un mémorable voyage dans les DOM-TOM nous conduit de Paris à la Réunion, de la Réunion à Abidjan pour une escale, puis en Guyane pour terminer par la Martinique et la Guadeloupe à coups de Ti punchs, dans la bonne humeur, et le tout en cinq jours. Rien n’a été négligé dans la préparation de ce déplacement. Je souris en reprenant mes agendas. Le Premier ministre ne laisse encore une fois rien au hasard, témoin cette note du 14 mars 1988 :
« Notre voyage à la Réunion et aux Antilles : détails pratiques.
1. Nous partons avec Michel Debré. Il y aura aussi Jacques Foccart. Il faudrait que les couchettes soient prévues pour que deux d’entre elles soient particulièrement confortables à l’intention de ces deux personnalités.
2. Je vous rappelle que je souhaite vivement que ce voyage soit également pour moi un moment de détente dans la mesure du possible. Dans cet esprit, je voudrais qu’il soit bien prévu que les déjeuners et les dîners que nous prendrons à terre soient des repas de cuisine antillaise ou réunionnaise. De même, les repas que nous emporterons dans l’avion devront être commandés, par l’intermédiaire des préfets ou de nos amis, à de très bons traiteurs locaux, afin que ce soit également des repas de cuisine locale. Ne pas oublier le planteur »
Jacques Chirac décide d’arrêter de fumer. Il a déposé son dernier paquet de cigarettes sur le côté droit de sa table de travail dans son immense bureau, et un autre dans son appartement, sur sa table de nuit, m’a-t-il précisé. Nous allons souffrir.
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