DSN sur tous les fronts

Président en exercice de l’Union africaine depuis janvier, Denis Sassou Nguesso s’impose sur la scène internationale. Sans oublier les intérêts de son pays.

Publié le 21 août 2006 Lecture : 4 minutes.

Le roi du Maroc Mohammed VI, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, le président des États-Unis George W. Bush, ou encore Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale Les Congolais ne sont pas peu fiers de voir leur président avec les grands de ce monde. Depuis que Denis Sassou Nguesso (DSN) a été nommé, en janvier 2006, à la tête de l’Union africaine (UA), sa diplomatie a changé de catégorie. En septembre, il sera la voix du continent lors de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York. On ne compte plus ses voyages et ceux de son ministre des Affaires étrangères, Rodolphe Adada, ni les photos immortalisant les poignées de main avec « ceux qui comptent », alors que les hôtes prestigieux se succèdent à Brazzaville. Plus que jamais, le Congo est l’objet de visites de haut niveau et d’attentions particulières. Le président de l’UA a participé au sommet du G8, réunion annuelle des grandes puissances, qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg, en Russie, du 15 au 17 juillet. Deux semaines plus tôt, DSN recevait Hugo Chávez et Mahmoud Ahmadinejad, ses homologues vénézuélien et iranien, au sommet de l’UA à Banjul. Du 31 mai au 2 juin, il s’était rendu à New York, au sommet de l’Onusida. Sa présence dans la métropole américaine se justifiait d’autant plus que, durant le mois de mai, le Congo a présidé le Conseil de sécurité de l’ONU, dont il est membre non permanent pour deux ans.
Au cours de chacune de ces rencontres, DSN manque rarement une occasion de faire entendre la voix de son pays. À Saint-Pétersbourg, par exemple, il a rencontré le vice-président du géant pétrolier russe Lukoil Overseas Holding. Deux semaines plus tard, celui-ci venait en personne à Brazzaville pour annoncer l’intention de son groupe d’investir 300 millions de dollars dans l’or noir congolais. Durant son séjour aux États-Unis, Denis Sassou Nguesso a fait étape à Washington pour s’entretenir, le 5 juin, avec son homologue américain, qui l’a reçu à la Maison Blanche, avant de rencontrer la secrétaire d’État Condoleezza Rice. Au menu : la situation du continent, le dossier iranien et « toutes les questions d’intérêt commun au plan politique et économique », rapporte le ministre Rodolphe Adada. Cette escale américaine fut aussi l’occasion de rencontrer les dirigeants des deux institutions qui, en début d’année, ont mis le Congo sur le chemin de l’annulation de sa dette : Paul Wolfowitz, de la Banque mondiale, et Rodrigo de Rato, du Fonds monétaire international (FMI).
En prenant la présidence de l’UA au début de l’année, le chef de l’État congolais a hérité de dossiers sensibles, notamment la situation en Côte d’Ivoire, la crise entre le Tchad et le Soudan, et celle du Darfour, ainsi que les élections en RD Congo. Chaque mois, Rodolphe Adada est à Abidjan pour les réunions du Groupe de travail international (GTI) chargé de suivre l’évolution du processus de paix ivoirien. En mai, DSN s’y est d’ailleurs rendu en personne pour rencontrer les protagonistes de la crise.
Concernant le Tchad, le 13 avril, Sassou a convoqué d’urgence le Conseil de paix et de sécurité de l’UA pour une condamnation sans appel des attaques rebelles contre Idriss Déby Itno, le chef de l’État tchadien. Les deux hommes sont proches : N’Djamena était aux côtés de DSN lorsqu’il a repris le pouvoir en 1997. Le 5 mai, DSN était présent à Abuja, au Nigeria, pour la signature de l’accord de paix entre Khartoum et les rebelles du Darfour. Les enjeux du problème soudanais dépassant les frontières du continent (en raison notamment de l’éventualité d’un envoi de Casques bleus dans la région), il recherche une solution pacifique dont la communauté internationale lui saura gré. À Brazzaville, on ne manque pas de placer ces démarches dans la lignée des deux années de DSN à la présidence de l’ex-Organisation de l’unité africaine (OUA), en 1986 et 1987.
Plusieurs chefs d’État africains sont venus en voisins dans la capitale congolaise : le président béninois Boni Yayi en avril, tout juste élu, puis le Togolais Faure Gnassingbé en mai. Ces séjours ont moins marqué l’opinion publique que celui du roi Mohammed VI en février. Outre un échange au sujet de l’Union africaine (dont le Maroc n’est plus membre), les deux chefs d’État ont conclu une série d’accords de coopération, dont un partenariat entre Royal Air Maroc (RAM) et l’aviation civile congolaise. Une autre rencontre mémorable s’est tenue le 19 juin à Brazzaville lors de la venue de Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, à la suite du voyage de DSN à Pékin en septembre 2005. « Nos pays entretiennent des liens depuis quarante-deux ans », n’ont pas manqué de rappeler les deux hommes. Et il y a fort à parier que les besoins énergétiques de l’empire du Milieu vont les faire perdurer, y compris après la fin du mandat de Sassou à l’UA.

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