Mission changement de look pour N’Djamena

Plongée dans la poussière et le bruit, la ville s’apprête à changer de look. Tout doit être prêt en juin 2015, pour le 25e sommet de l’Union africaine.

La capitale du Tchad, N’Djamena, se prépare à organiser le 25e sommet de l’Union africaine. © VFJA

La capitale du Tchad, N’Djamena, se prépare à organiser le 25e sommet de l’Union africaine. © VFJA

GEORGES-DOUGUELI_2024

Publié le 24 avril 2014 Lecture : 4 minutes.

À Sabangali, les habitants ont appris à vivre avec le bruit, les vibrations et la poussière. Depuis plusieurs mois, les travaux se multiplient dans ce secteur du 3e arrondissement de N’Djamena. Avec ses larges avenues – Mobutu, Bokassa, Charles-de-Gaulle, de Marseille… -, ce grand quartier résidentiel qui borde le fleuve Chari, à moins de 2 km de l’aéroport international Hassan-Djamous, sera l’un des centres nerveux du sommet de l’Union africaine que la capitale accueillera en juin 2015.

Tout le réseau routier secondaire est en cours de construction ou de réhabilitation. Derrière le siège de l’Office national de radio et télévision du Tchad (ONRTV), certains grands axes, déjà asphaltés, restent fermés à la circulation pour que les ouvriers puissent aménager les drains, caniveaux et trottoirs en toute sécurité.

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La capitale va se doter de 3 000 chambres supplémentaires. Contre 1 800 à ce jour.

Pour se déplacer dans ce beau quartier en plein chambardement, il faut donc enfourcher un deux-roues, seul véhicule capable de se faufiler entre les barrières de béton qui bloquent les avenues. « Ce n’est pas facile de venir travailler, explique Haroun, jeune employé d’un petit hôtel situé près de l’avenue Mobutu. Mais après les travaux, le quartier aura de belles routes et sera vraiment plus agréable. » Outre ces travaux de voirie, l’État conduit un grand programme de construction des immeubles qui accueilleront l’événement ainsi que les nombreuses délégations. Principal ouvrage : le Centre de conférences international, pour lequel le Tchad a déboursé 60 milliards de F CFA (près de 91,5 millions d’euros). Conçu sur le modèle de celui de Malabo, en Guinée équatoriale (où s’est déroulé le sommet de l’UA en 2011), il s’élève peu à peu sur le site de l’ancienne École de police. Le complexe comprendra un auditorium d’une capacité de 1 200 places, une grande salle de réunion VIP, un restaurant de 1 500 couverts ainsi que plusieurs bâtiments connexes. Le projet a été confié à l’américain Salim Group, filiale de STM dont le PDG et fondateur, Emil Youssefzadeh, détient également le futur Hilton N’Djamena.

Parfait organisateur

Les visites régulières des membres du gouvernement sur les différents chantiers trahissent une certaine fébrilité. Le pays misant sur la réussite de ce sommet pour couronner sa « diplomatie de paix » et asseoir son image de parfait organisateur, il est impératif de réceptionner les différents ouvrages avant juin 2015.

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N’Djamena doit notamment pouvoir loger 4 000 invités, dont 600 journalistes étrangers… L’avancée des travaux est donc suivie avec attention. Selon Adoum Younousmi, le ministre des Infrastructures et des Transports, chargé de préparer l’événement, la capitale va rapidement se doter de 3 000 chambres supplémentaires. Elle n’en compte que 1 800 à ce jour. Près du centre de conférences, au bord du fleuve, les travaux du Hilton – qui comprendra 250 chambres, quelques suites, et cinq restaurants – avancent à un rythme satisfaisant.

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Luxe

Non loin de là, dans le quartier Moursal, même course contre la montre sur le chantier du Grand Hôtel, autre futur complexe haut de gamme. Financé par l’État pour un montant estimé à 57 milliards de F CFA, l’établissement devrait être livré en mai. Il comportera 254 chambres de luxe, 16 suites ministérielles, 2 suites présidentielles et 1 suite royale. Pour augmenter la capacité d’hébergement de la ville, le gouvernement a par ailleurs lancé une politique d’incitation à l’investissement privé. « Nous sommes en contact avec des partenaires qui envisagent de construire des hôtels. L’État leur octroie des terrains, des subventions ainsi que des exonérations douanières pour faciliter la mise en oeuvre des chantiers lorsque les projets présentent une capacité de 80 à 100 chambres, explique Adoum Younousmi. Et nous envisageons d’appuyer ces projets privés par des investissements importants. » À condition, bien sûr, que lesdits partenaires s’engagent à achever les chantiers avant la date du sommet.

Si le mécanisme produit les résultats attendus, la capitale tchadienne pourrait bien atteindre ses objectifs, voire les dépasser. Ce qui devrait inciter les pouvoirs publics et les opérateurs privés à développer le tourisme d’affaires, puis celui de loisirs, afin d’assurer la rentabilité de ces nouveaux établissements.

Chantiers à tous les étages

Les grands travaux menés par l’État sont pilotés par le ministère des Infrastructures et des Transports, ainsi que par la Direction générale des grands travaux et projets présidentiels (DGGTPP). À la tête de celle-ci, Daoussa Idriss Déby Itno, l’un des fils du chef de l’État. Cette structure se charge prioritairement des « urgences sociales », tandis que le ministère donne l’impulsion aux programmes gouvernementaux. En moins de dix ans, ce dernier a ainsi fait bitumer 2 000 km de routes à travers le pays (qui n’en comptait que 300 en 2003). Grâce aux projets engagés par les deux acteurs publics ces dernières années, le Tchad a notamment construit 120 centres de santé, deux hôpitaux de référence à N’Djamena, et il achève un programme de couverture sanitaire reposant sur la réalisation de 40 hôpitaux de district et de 10 établissements régionaux.

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