Comment Blaise Compaoré a fait de Mahamadou Bonkoungou l’un des plus riches patrons du Burkina (2/2)

L’ascension du patron d’Ebomaf est indissociable de l’ex-président burkinabè, qui lui a fait profiter de ses connexions. Dans le second volet de son enquête, « Jeune Afrique » vous révèle les coulisses de sa montée en puissance à Ouagadougou.

Au premier plan : l’entrepreneur Mahamadou Bonkoungou. Au second plan : l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. © Gong Bing/XINHUA-REA ; Hippolyte Sama.

Au premier plan : l’entrepreneur Mahamadou Bonkoungou. Au second plan : l’ancien président burkinabè Blaise Compaoré. © Gong Bing/XINHUA-REA ; Hippolyte Sama.

Julien_Clemencot

Publié le 4 novembre 2020 Lecture : 9 minutes.

Il est sans aucun doute l’homme le plus fortuné du Burkina Faso. Et l’un des seuls à pouvoir s’entretenir en privé avec le milliardaire nigérian Aliko Dangote, à qui il rend visite régulièrement au Nigeria. À 54 ans, Mahamadou Bonkoungou, fondateur de la société de BTP Ebomaf, est pourtant resté longtemps dans l’ombre, y compris dans son propre pays.

D’abord parce que son ascension, qui s’est accélérée au cours des dix dernières années, repose sur des chantiers obtenus pour la plupart dans les pays voisins. Ensuite, parce que l’entrepreneur a toujours pris soin de cultiver une certaine discrétion. Il sort peu, n’offre pas de grandes réceptions dans sa villa du quartier de Ouaga 2000, n’entretient pas de réelles amitiés avec d’autres VIP, même s’il en fréquente pour la bonne marche de ses affaires, et ne dépense pas son argent de manière exubérante.

Mahamadou Bonkoungou s'est progressivement rapproché de Roch Marc Christian Kaboré. © LUDOVIC MARIN/AFP

Mahamadou Bonkoungou s'est progressivement rapproché de Roch Marc Christian Kaboré. © LUDOVIC MARIN/AFP

Pour avoir une idée de son patrimoine, il vaut mieux regarder du côté de Casablanca, où il a acheté une villa de 4 millions d’euros dans le quartier d’Anfa, et du côté de Paris, où il possède un luxueux pied-à-terre dans une voie privée du 17e arrondissement. Et n’eût été la révélation, en 2018, de son différend financier avec l’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou, qui ne lui remboursait pas un prêt de 15 milliards de F CFA (23 millions d’euros) consenti pour financer sa campagne présidentielle en 2016, il serait certainement resté quelques années encore sous les écrans radars.

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