Cognez-vous les uns les autres !

Publié le 21 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Toujours prompte à relever les failles de mes semblables, j’ai bondi d’aise lorsque mon il fureteur a déniché une nouvelle trouvaille. La énième qui allait me conforter dans ce que je pense depuis des lustres : que ça ne tourne pas toujours rond sur cette planète. Mais où allons-nous donc ? Quand j’ai appris que des humains servaient volontairement de défouloir à des fous furieux dénués de tout self-control, mon sang n’a fait qu’un tour. En Chine, un bar a fait des torgnoles sur commande sa spécialité maison. En gros, les serveurs acceptent contre espèces sonnantes et trébuchantes de se transformer en punching-ball pour clients bouillonnant de colère. Ainsi, ces stressés de la vie moderne peuvent assouvir leur rage à moindre risque en poussant des cris d’orfraie.

Quoi de mieux, en effet, qu’un tabassage en règle cautionné par la société ? Allons enfants de la patrie, le jour de cogne est arrivé Belle thérapie qui annonce de beaux gnons à venir. Trop de pression au boulot ? Oubliez le psy et abonnez-vous au paf dans le pif. Marre d’entendre les jérémiades d’une épouse acariâtre ? Remisez le conseiller conjugal au placard et conjuguez le verbe dérouiller à tous les temps. Certes, taper jusqu’à plus soif est sans doute plus drôle que d’essayer d’éliminer son stress en malaxant une ridicule boule en mousse. Et moins exténuant que d’aller vider son sac de fureur dans une ingrate salle de sport.

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Moi, ce que j’en pense, de ces bastonnades, c’est qu’elles ne font que confirmer une certaine décadence qui grignote le socle du monde moderne. L’homme de Cro-Magnon a bon dos velu. Jadis, il ne faisait une descente avec son gourdin sur son prochain que pour des raisons nobles : une cuisse de brontosaure ou un filet de mammouth. Voire pour le minois simiesque d’une Cro-Mignonne. Mais au moins toute manifestation de violence était légitime. Et dire que c’est lui qui passe pour un sauvage !
Ne vous méprenez pas, cependant. Je comprends qu’on puisse avoir un coup de sang. Après tout, la vie ressemble plus à un marigot infesté de caïmans qu’à un long fleuve tranquille. Simplement, je trouve les alternatives qu’on nous propose frappantes de bêtise. Après les coups de boule, qu’imaginera-t-on pour nous rendre la vie plus douce ? De zigouiller ni vu ni connu un chien pour calmer des pulsions meurtrières un peu trop récurrentes ? Hum, attention, danger. Ne dit-on pas que qui vole un uf vole un buf ? Bonjour l’escalade !

Pour aider ces pauvres hères à se vider de leur mauvais sang, je suggère qu’on les confronte entre eux : à ma gauche, les frustrés du boulot, à ma droite, les stressés du nid conjugal. Que le meilleur gagne ! Car à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Et si on ne se vide pas héroïquement de sa fureur, comment apprécier le sentiment de paix qui vient après ? J’ai tout dit. Poing final.

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