Bénéfices bruts

La production continue d’augmenter et le chiffre d’affaires du secteur pétrolier affiche une santé insolente.

Publié le 21 août 2006 Lecture : 2 minutes.

S’il est un secteur florissant au Congo aujourd’hui, c’est bien celui de l’or noir : la production augmente et les prix s’envolent. En 2005, 92,5 millions de barils ont été extraits, soit 12,8 % de plus que l’année précédente. La progression devrait s’accélérer en 2006, attendue à 15 %. Le chiffre d’affaires des compagnies reflète la tendance : entre 2004 et 2005, les ventes de Total (toutes zones confondues, le groupe ne communique pas les données par pays) ont progressé de 15 %. Les recettes de l’État congolais ont suivi le mouvement : un surplus de 170 milliards de F CFA (260 millions d’euros) a été enregistré l’année dernière. Chez les professionnels du secteur, basés à Pointe-Noire, le théâtre des opérations, l’optimisme est de mise : « Après une chute en 2003, on s’achemine vers un niveau de production proche du pic de 1999 », déclare Guy Maurice, directeur général de Total EP Congo, principal opérateur du pays (90 000 barils par jour en 2005).
Présent au Congo depuis 1968, le groupe français démarrera en 2008 l’exploitation du champ de Moho Bilondo avec la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et l’américain Chevron. Le gisement, situé à 80 kilomètres au large des côtes, entre 600 et 900 mètres de profondeur, devrait accroître la production nationale de 90 000 barils par jour. Cette première étape de la conquête de l’« offshore profond » congolais fait naître l’espoir d’un renouveau, les ressources de ses champs dits matures commençant à décliner.
Parallèlement, la gestion de la rente pétrolière, dont l’opacité est dénoncée haut et fort par la société civile – notamment la Fédération internationale des droits de l’homme dans un rapport au titre explicite, « Gestion de la rente pétrolière, mal-gouvernance et violation des droits de l’homme » -, évolue quelque peu. Parmi les conditions posées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale pour l’annulation de la dette extérieure figurent des principes de bonne gouvernance spécifiques au secteur. La SNPC doit soumettre chaque année ses comptes à un audit mené selon des normes internationales par le cabinet américain KPMG. Comme les contrats de partage de production et le profit oil (la part qui revient à l’État), il est consultable sur le site Internet officiel du Congo. L’exercice 2004 de la SNPC a pu être examiné dans de bonnes conditions : contrairement à l’année précédente, les informations concernant les transactions effectuées par l’entreprise pour le compte du gouvernement ont été mises à disposition des experts.
« Mais il n’est toujours pas possible de certifier les comptes selon des normes internationales », regrette le FMI dans un rapport de juillet 2006. Il se déclare toutefois confiant pour le passage en revue de l’exercice 2005, arguant de la création d’un « comité d’audit interne » qui doit mettre en place les procédures de comptabilité. Autre satisfecit de Washington : un financement est prévu dans le budget 2006 pour un audit sur l’attribution douteuse du bloc pétrolier Marine XI. La chasse aux conflits d’intérêt entre producteurs et acheteurs fait également partie des préconisations : « Après beaucoup de dialogue, ce problème-là est réglé », estime un diplomate à Brazzaville. Le FMI nuance toutefois son enthousiasme en évoquant l’arrestation, en avril, de deux militants pour la transparence de la gestion pétrolière.

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