Tout est urgent…
Entré par surprise dans l’histoire du Togo, à la suite de la disparition, le 5 février 2005, de Gnassingbé Eyadéma, son fils et successeur à la tête du pays, Faure Gnassingbé, a tardé à acquérir une légitimité démocratique. D’abord perçu comme un personnage imposé par cette même armée qui perpétua le règne de son défunt père, il passait pour un simple faire-valoir, un homme lige propulsé un peu malgré lui, incapable de prendre la moindre décisionÂÂ
L’élection présidentielle d’avril 2005 n’a pas été pour améliorer les choses. Si Faure, comme l’appellent ses compatriotes, a été déclaré élu au premier tour, l’opinion a gardé de ce scrutin l’image – qui a fait le tour des télévisions du monde entier – d’un groupe de militaires entrant dans un bureau de vote pour disperser des électeurs réputés proches de l’opposition et arracher les urnes. Et, plus grave, le souvenir de 400 à 500 personnes tuées dans les manifestations qui suivirent la proclamation des résultats.
Mais Faure Gnassingbé allait très vite entreprendre des actions de nature à faire oublier les conditions de son arrivée aux affaires. En commençant par des concessions, qui ont abouti à la signature, en août 2006, d’un « accord politique global » par tous les partis, y compris la très frondeuse Union des forces de changement (UFC) de l’opposant historique Gilchrist Olympio. Avant d’organiser, en octobre 2007, des élections législatives anticipées jugées « globalement satisfaisantes » par tous les observateurs. Un mois plus tard, les partenaires multilatéraux du Togo décidaient de reprendre leur coopération avec le pays après l’avoir boycotté depuis 1993 pour « déficit démocratique ».
En dépit de cette respectabilité nouvelle, une épée de Damoclès continuait de planer au-dessus du chef de l’État : les velléités de son demi-frère, ministre de la Défense, Kpatcha Gnassingbé, qui lui disputait la légitimité et agitait la menace d’un coup d’État. Faure a résolu la question le 13 décembre 2007, en limogeant Kpatcha.
Depuis ce jour, seulement, il a réellement pris le pouvoir. Il lui reste à changer le quotidien éprouvant des 6 millions de Togolais. Dans un pays où tout est urgent, ses compatriotes ne peuvent plus se satisfaire de promesses de changement et d’ouverture. D’autant que les mêmes hommes qui entouraient Gnassingbé père demeurent parmi les proches du fils. Et que les mêmes méthodes persistent. Telles les interpellations récentes et répétées de Jean-Paul Agboh Ahouélété, directeur de publication du mensuel Focus Infos, par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac).
Après s’être employé à consolider son pouvoir, Faure Gnassingbé doit désormais montrer qu’il est capable d’apporter des changements concrets sur le plan économique et social. C’est ce qu’attendent les Togolais.
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