Présidentielle aux Seychelles : victoire historique de l’opposant Wavel Ramkalawan
L’opposition seychelloise a remporté dimanche une victoire historique avec l’élection à la présidence, dès le premier tour, du pasteur anglican Wavel Ramkalawan, dont le parti Linyon Democratik Seselwa (LDS, Union démocratique seychelloise) a également gagné les législatives.
Depuis 1977, tous les chefs d’État des Seychelles étaient issus de l’ex-parti unique, renommé United Seychelles. Son candidat, le président sortant Danny Faure, a obtenu 43,5% des suffrages, contre 54,9% pour Wavel Ramkalawan, selon la Commission électorale.
Les électeurs de l’archipel de 115 îles, éparpillées dans l’océan Indien, se sont rendus aux urnes de jeudi à samedi pour élire leur président et leurs députés, dans un contexte économique difficile en raison de la pandémie de Covid-19 qui a sérieusement touché le secteur essentiel du tourisme.
À l’annonce du résultat, Wavel Ramkalawan, 59 ans, dont c’était la sixième candidature à la présidence et qui avait échoué de moins de 200 voix face au sortant James Michel en 2015, a appelé à l’union nationale. « Il est important de trouver comment on pourrait réconcilier notre peuple pour aller de l’avant », a déclaré le cinquième président des Seychelles. « S’il y a nécessité de modifier la Constitution, nous le ferons en concertation avec les autres partis politiques, nous ne le ferons pas parce que nous avons la majorité », a-t-il ajouté.
Danny Faure reconnaît sa défaite
Le LDS a en effet également remporté les législatives, gagnant 25 sièges, soit les deux-tiers de l’Assemblée nationale. United Seychelles remporte 10 sièges. L’opposition dominait déjà le Parlement monocaméral depuis sa victoire aux législatives de 2016, la première de l’histoire du pays en 40 ans d’indépendance.
Danny Faure, 58 ans, arrivé au pouvoir en 2016 après la démission de James Michel dont il était le vice-président, a rapidement reconnu sa défaite. « J’ai toujours dit que j’accepterai les résultats, je vous souhaite bonne chance dans votre travail car je sais que vous avez une grosse tâche à accomplir », a dit le président sortant à l’adresse de son successeur, qu’il devrait rencontrer dans l’après-midi pour organiser cette passation de pouvoir inédite.
Wavel Ramkalawan doit prêter serment lundi à la présidence. Ses partisans se sont retrouvés dimanche sur l’avenue de l’Indépendance, à Victoria, la capitale des Seychelles située sur l’île de Mahé, pour célébrer la victoire de leur candidat, au son de klaxons et de chants du parti.
« Nouveau chapitre de l’histoire du pays »
« Ils ont dit que nous étions libres, mais nous n’avons jamais été libres. Je suis si heureuse que les Seychellois soient maintenant assez mûrs pour comprendre la nécessité du changement et qu’ils l’aient fait par les urnes », a déclaré Maryvonne Rose, électrice qui a rejoint l’opposition depuis plusieurs années.
Le troisième parti en lice, One Seychelles, également dans l’opposition, n’a remporté aucun siège et son candidat Alain St Ange n’a recueilli que 1,6% des suffrages du scrutin présidentiel.
Les 74 600 électeurs de l’archipel se sont fortement mobilisés lors de ce scrutin qui a totalisé 88,45% participation, en légère hausse par rapport aux 87,4% du premier tour de la présidentielle en 2015.
Certains bureaux de vote ont dû prolonger les opérations de vote après l’heure de clôture samedi sur les trois principales îles de l’archipel – Mahé, Praslin, La Digue -, en raison de retards dûs aux protocoles sanitaires relatifs au coronavirus, mais aussi face à l’afflux d’électeurs qui a parfois entraîné des pénuries de bulletins de vote.
Le département d’État américain a salué dimanche dans un communiqué « un nouveau chapitre de l’histoire du pays » et « nouveau jalon majeur pour la démocratie des Seychelles ».
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