Realpolitik à la pékinoise

La politique africaine de la Chine s’appuie sur un discours Sud-Sud. Et joue sur son double statut de pays émergent et de grande puissance.

Publié le 15 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

On ne peut réduire la stratégie africaine de Pékin à de simples intérêts économiques. En litige avec l’Occident sur de nombreux points comme les droits de l’homme ou la question de Taiwan (voir encadré p. 24), la Chine cherche des soutiens, particulièrement depuis la fin de la guerre froide et l’effondrement du monde bipolaire. À chaque visite en Afrique – et elles sont nombreuses -, les dirigeants chinois plaident pour le respect des souverainetés nationales et rappellent que leur coopération n’est assortie d’aucune condition de démocratisation ni de bonne gouvernance, hormis la reconnaissance d’une Chine unique.
Le président Hu Jintao appuie également les chefs d’État africains dans leur combat pour l’obtention de deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies, coopère sur les affaires internationales, soutient l’Union africaine et fournit près de 1 500 hommes aux opérations de maintien de la paix sur le continent. Sa politique de non-ingérence lui vaut d’entretenir d’excellentes relations avec des pays largement mis au ban des nations occidentales. Nombre de chefs d’État africains – comme le général-président Bozizé en Centrafrique ou son homologue togolais, Gnassingbé Eyadéma – ont bénéficié de cette mansuétude à une période critique. Mais l’appui le plus contesté va au Zimbabwéen Robert Mugabe, que la Chine accueille en grande pompe sur son sol, aide financièrement et équipe en avions de chasse et autres matériels militaires. Le même type d’appui est fourni au Soudan, que la communauté internationale accuse de violer les droits de l’homme. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, Pékin menace régulièrement d’utiliser son droit de veto pour s’opposer à l’adoption de sanctions contre le pays d’Omar el-Béchir. En Angola, autre géant pétrolier, l’empire du Milieu fait également preuve de realpolitik : lorsque le FMI a suspendu son aide à Luanda après avoir constaté un détournement des recettes du pétrole, Pékin a proposé une subvention de 2 milliards de dollars pour la reconstruction. Les diplomates chinois chassent enfin, de plus en plus, sur les terres francophones, avec une prédilection pour le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Aux Nations unies, la Chine a toujours cherché à atténuer les sanctions prises à l’encontre des responsables politiques ivoiriens. Pour beaucoup d’observateurs, elle espère en retirer les dividendes une fois le processus de pacification accompli. Pékin pourrait alors proposer un partenariat global pour la reconstruction du pays, comme elle l’a fait précédemment en Angola ou en République démocratique du Congo.

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