Rachid Sfar

Avant-dernier Premier ministre de Bourguiba (1986-1987), cet économiste à la retraite, ancien représentant de la Tunisie à Bruxelles, propose un programme d’appui à la réforme du système éducatif et universitaire maghrébin dans le cadre de l’Union pour la

Publié le 15 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Son seul regret est de n’avoir pas conduit toutes les réformes qu’il prévoyait pour « parachever la restructuration de l’économie tunisienne. Heureusement, se console-t-il, elles se réalisent aujourd’hui. » En moins d’un an et demi à la tête du gouvernement (de juillet 1986 à octobre 1987), Rachid Sfar a pourtant réussi à « remettre à flot le navire Tunisie ». Le président Bourguiba, dont il sera l’avant-dernier Premier ministre (avant Ben Ali), l’a désigné en urgence – il était alors ministre de l’Économie – pour résoudre la crise financière que traversait le pays, dont les réserves en devises étaient épuisées. « J’ai été placé devant le fait accompli ! » se rappelle-t-il, le président l’ayant nommé sans lui demander son avis.
Rachid Sfar quitte ses fonctions aussi soudainement qu’il en a hérité. Il est resté en effet célèbre pour avoir essuyé un accès de rage mémorable de Bourguiba à la fin du Conseil des ministres du 1er octobre 1987. Celui-ci l’interroge au sujet d’un participant, Abdelmalek Laarif, nommé deux jours plus tôt directeur du Parti socialiste destourien (PSD, au pouvoir). « Qui est cet homme ? » Réponse du Premier ministre : « Le directeur du parti : vous l’avez nommé avant-hier et l’avez vu hier. » Le président entre dans une colère noire : « Qui t’a dit de le nommer ? Qui t’autorise à prendre des initiatives ? Tu te crois le patron ? Tu me crois déjà mort ? » Puis il déverse un flot d’insultes sur son chef de gouvernement en présence de tous les ministres, dont Zine el-Abidine Ben Ali, alors à l’Intérieur. Cet épisode convainc Rachid Sfar de partir. Élu président de la Chambre des députés le 13 octobre, il s’envolera, quelques mois plus tard, pour Bruxelles, où Ben Ali, devenu entre-temps chef de l’État, l’a chargé de représenter la Tunisie auprès de la Communauté européenne (1988-1992). Il n’en perd pas une miette. « J’allais enfin pratiquer ces institutions qui me semblaient déjà être un modèle pour la future union maghrébine. »

À son retour en Tunisie, il hérite de la présidence d’un Haut Comité pour le contrôle administratif et financier (de 1993 à 1996). Puis, après quarante-cinq ans de vie publique, il fait valoir ses droits à la retraite en 1997. Et consacre plus de temps à son épouse, sa fille et ses deux petits-enfants. Rachid Sfar a cependant gardé un pied dans la politique en tant que membre de la Chambre des conseillers (depuis 2005) et du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir). Si, à 74 ans, il dit n’avoir « plus d’autre ambition que d’être un citoyen du Maghreb », il a tout de même apporté sa pierre à l’élaboration de l’avenir méditerranéen en proposant un programme d’appui à la réforme du système éducatif et universitaire maghrébin, fondé sur un jumelage avec des établissements européens. Ce projet, unanimement applaudi au Sud, sera présenté au sommet de lancement de l’Union pour la Méditerranée (UPM), le 13 juillet, à Paris. « Le premier devoir est de s’occuper de sa famille, conclut Sfar. Notre plus grand combat a été de libérer notre pays du colonialisme. S’il me restait un souhait : que la tragédie palestinienne trouve une issue, et les hommes un moyen de vivre ensemble dans la paix et la dignité. »

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