Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed
Avec un quasi-doublement de la production de fer prévu d’ici à cinq ans, l’administrateur-directeur général, depuis 2006, de la Société nationale industrielle et minière (Snim) en Mauritanie compte bien profiter de l’engouement sur les matières premières.
Jeune Afrique : La Snim profite d’une conjoncture très favorable caractérisée par une flambée du prix du fer. De quoi déployer une stratégie de développementÂÂ
Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed : Notre principal objectif est l’augmentation de notre capacité de production. Nous avons produit 12 millions de tonnes de minerai en 2007. Mais si nous voulons être un acteur significatif, nous devons dépasser, d’ici à cinq ans, le seuil des 20 millions de tonnes de fer par an [avec 750 millions de tonnes, le Brésil, l’Australie et la Chine représentent 56 % de la production mondiale, NDLR]. Le plan de développement mis en place accorde une place ambitieuse à la recherche minière et à la signature de partenariats stratégiques avec d’autres opérateurs.
Lesquels ?
Nous avons commencé avec le projet El Aouj, en partenariat avec les sociétés Qatar Steel [Qatar] et Sphere [Australie], qui permettra d’augmenter la production de 7 millions de tonnes de fer par an. Nous travaillons avec les Chinois de l’entreprise Minmetals pour la remise en service d’un site autrefois exploité à ciel ouvert et pour lequel nous envisageons à terme une extraction souterraine. Il nous faut également prospecter de nouveaux marchés, ce qui nous a déjà permis d’être présents en Chine, où nous exportons 18,5 % de notre production. L’objectif est d’atténuer le risque commercial en cas de baisse de la demande en Europe, tout en gardant à l’esprit que ce continent demeure notre marché traditionnel.
Quels sont vos grands projets d’investissements ?
Nous comptons doubler le volume de nos investissements en 2008 pour le porter à 140 millions de dollars [89 millions d’euros]. Nous allons construire dès l’année prochaine une deuxième usine d’enrichissement sur le gisement de Guelb el-Rhein pour exploiter nos importantes réserves de minerai pauvre. Un deuxième port minéralier sera construit à Nouadhibou pour accueillir des bateaux d’une capacité de chargement de 240 000 tonnes d’ici à 2010-2011. Cela devrait en faire l’un des plus importants ports minéraliers d’Afrique. Enfin, nous allons moderniser la voie ferrée qui permet l’acheminement du fer entre les gisements et le port.
Peut-on à terme envisager une filière de transformation du minerai ici, en Mauritanie ?
L’idée est a priori séduisante, mais notre ambition est avant tout de faire de la Snim une société minière performante et viable. L’industrie de l’acier obéit à d’autres exigences et nécessite un certain niveau de technologie, des investissements, une disponibilité de l’énergie et de la main-d’ÂÂuvre. Le constat que l’on peut d’ailleurs faire, c’est que les grands pays producteurs de minerai de fer comme le Brésil ou l’Australie ne sont pas de grands producteurs d’acier, et inversement. Ce que nous cherchons pour le moment, c’est l’augmentation de la valeur ajoutée de nos produits, tout en restant dans notre domaine de compétence.
Vous avez été élu le mois dernier président de l’Union nationale du patronat mauritanien ; quel regard portez-vous sur l’évolution de l’environnement économique en Mauritanie ?
Le libéralisme économique adopté par les pouvoirs publics est aujourd’hui une réalité. Toutefois, il existe certaines rigidités que les entreprises dépasseront si elles tirent davantage profit des deux grands marchés de consommation voisins que sont le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Il y a ce niveau de vrais potentiels de croissance. Le patronat mauritanien va par ailleurs ÂÂuvrer à instaurer un régime fiscal et douanier encore plus incitatif et permettre une mise à niveau des entreprises pour une meilleure intégration régionale. La Mauritanie doit saisir les opportunités que lui offre la mondialisation.
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