[Chronique] Présidentielle au Burkina : restons courtois !

À cinq jours du lancement de la campagne pour les élections présidentielle et législatives, les différents acteurs impliqués dans ces scrutins couplés ont signé un pacte de bonne conduite.

 © Damien Glez

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Publié le 28 octobre 2020 Lecture : 2 minutes.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle et des législatives de 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA
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Présidentielle et législatives au Burkina Faso : les enjeux du double scrutin

L’élection présidentielle burkinabè, couplée aux législatives, se tient dans un contexte sécuritair plus que tendu dans une large partie du pays. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat lors du scrutin du 22 novembre, n’en défends pas moins son bilan, face à une opposition bien décidée à en découdre. Parmi ceux qui veulent lui ravir son siège au palais de Kozyam, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Kadré Desiré Ouédraogo ou encore Eddie Komboïgo, qui se présente sous les couleurs du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président déchu, qui vit en exil en Côte d’Ivoire.

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Dans une Afrique de l’Ouest à la démocratie chahutée, le pays des hommes intègres pourrait apparaître comme un havre électoral. Les Guinéens piétinent dans la contestation postélectorale, les Ivoiriens regardent monter la mayonnaise de la désobéissance civile, les Béninois redoutent une présidentielle verrouillée par les parrainages, les Maliens ne sont pas près de retrouver le chemin des urnes…

Le Faso, lui, ouvre le week-end prochain sa campagne pour renouveler – ou non – son président et ses députés, le 22 novembre. Si l’histoire du Burkina Faso n’a pas manqué de coups d’État décriés et de soulèvements populaires applaudis, les rendez-vous électoraux ont occupé les interstices historiques.

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Bons sentiments

Salués peu ou prou par la communauté internationale, ces scrutins étaient évidemment perfectibles, victimes de quelques biais comme le manque d’éducation civique, l’abus de matériel publicitaire, le contrôle imparfait des budgets de campagne, la pénétration géographique insuffisante de certains médias, le réflexe communautariste ou encore les relations incestueuses entre candidats, fonction publique et monde des affaires.

Bannis les « propos haineux » et les discours « stigmatisants » et bienvenue à la « courtoisie »

Bien sûr, nul n’est censé ignorer le code électoral, assez clair sur ces points. Mais le Conseil supérieur de la communication a jugé bon de solenniser l’engagement pour un processus électoral apaisé. Ce 26 octobre a donc été signé un pacte de bonne conduite. Responsables de médias, d’organisations de la société civile et autres activistes ont été conviés à parapher le document, susceptibles qu’ils sont – eux aussi – de jeter l’huile de la polémique sur le feu électoral.

Bannis les « propos haineux » et les discours « stigmatisants » et bienvenue à la « courtoisie », à la « considération mutuelle » et aux « recours légaux » en cas de conflits… L’étalage de bons sentiments n’endormira-t-il pas l’attention des observateurs ?

Motifs d’inquiétude

Pour le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, le pacte ne cerne pas tous les écueils liés à la campagne électorale, notamment les risques de corruption.

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Par ailleurs, l’environnement actuel du Burkina Faso regorge de motifs d’inquiétude : ces dernières années, des conflits intercommunautaires d’une violence inédite ont fissuré la légendaire cohésion sociale burkinabè, les récurrentes attaques jihadistes compromettent le vote dans certaines régions et la réconciliation post-insurrection fait l’objet de discours confus, comme ceux du chef de l’État sur les conditions de retour de Blaise Compaoré au pays natal…

Qu’à cela ne tienne, les rues bruissent toujours de discours en mode « ça va aller » qui, s’ils frisent la méthode Coué, n’ont pas si mal réussi au Faso politique indépendant. Les catastrophistes savent craindre davantage des humeurs en treillis que des scrutins chahutés. Or, les militaires ont été largement échaudés par le procès du putsch avorté de 2015.

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Le pire ennemi des scrutins de novembre ne sera-t-il pas finalement le manque d’enthousiasme des électeurs ? Le taux de participation le dira.

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