Football – Ahmad Ahmad : « Je suis candidat à un second mandat à la tête de la CAF »

Élu en 2017 à la présidence de la Confédération africaine de Football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad sera candidat à un second mandat.

Le président de la Confédération africaine de Football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad, en avril 2018. © KHALED DESOUKI/AFP

Le président de la Confédération africaine de Football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad, en avril 2018. © KHALED DESOUKI/AFP

Alexis Billebault

Publié le 28 octobre 2020 Lecture : 4 minutes.

Avant d’annoncer à Jeune Afrique sa décision de briguer un deuxième – et dernier – mandat à la tête de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad assure avoir longuement réfléchi. Son premier mandat fut « difficile », il le concède. Ses réformes ont parfois été critiquées et il a fait l’objet d’accusations de corruption lui ayant valu une embarrassante garde à vue, en juin 2019. Aucune poursuite n’avait été engagée contre lui, mais son arrestation avait à l’époque défié la chronique.

Ahmad Ahmad, qui avait succédé au Camerounais Issa Hayatou en 2017, a finalement fait le choix de briguer un second mandat en mars prochain. Il se dit certain d’obtenir le soutien de 46 des 54 fédérations affiliées à la CAF et ne doute pas de ses chances de l’emporter. Pour l’heure, il est le seul candidat. Un outsider sera-t-il tenté de s’opposer au président actuel ? Réponse le 12 novembre, date limite de dépôt des candidatures.

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Jeune Afrique : Briguerez-vous un second mandat à la tête de la CAF ?

Ahmad Ahmad : Oui, j’ai décidé d’être candidat.

Avez-vous hésité ?

J’ai réfléchi. Vous savez, je viens d’une tribu, à Madagascar, où la coutume veut qu’à partir d’un certain âge, et j’ai 60 ans, on revienne à la maison. Avant de me décider, j’ai aussi écouté. Ceux qui m’ont élu en 2017 m’ont dit que le bilan était positif, même si on peut toujours améliorer les choses. J’ai donc décidé d’assumer mes responsabilités et d’accepter d’être candidat, sous réserve d’avoir les parrainages nécessaires. La CAF et le football africain ont besoin de stabilité.

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Quel bilan faites-vous des quatre années bientôt passées à la tête de la CAF, au-delà du changement de format de la Coupe d’Afrique des Nations, qui se joue désormais à 24, ou de la création d’une ligue des champions féminine ?

Nous nous sommes employés à réformer la CAF pour qu’elle réponde aux standards internationaux. C’était important de le faire, notamment pour nos partenaires présents et futurs. Nous avons amélioré les choses au niveau administratif et de la gestion financière.

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Concrètement, les zones régionales sont désormais des structures de la CAF. Le secrétaire général de la CAF travaille avec ces zones afin de faire appliquer le programme de développement. Nous avons aussi mis en place un certain nombre de commissions, ainsi qu’une procédure d’audit interne, avec des gens reconnus pour leurs compétences.

Nous avons procédé à des réorganisations des compétitions. Il y a eu la réforme de la CAN, mais nous avons aussi beaucoup fait pour les compétitions de jeunes : nous avons réorganisé le système des qualifications et réformé le format des phases finales.

Nous continuerons aussi de lutter contre la fraude liée à l’âge, qui est un frein au développement du football africain.

Si vous êtes réélu, que ferez-vous pour élever le niveau des championnats et éviter le départ précoce des jeunes joueurs africains ?

Il faut discuter avec les fédérations afin qu’elles réorganisent leurs championnats et mettent en place une ligue professionnelle. L’accent doit aussi être mis sur la formation : le nombre de joueurs correctement formés doit augmenter en Afrique.

Avez-vous eu l’impression de bousculer certaines habitudes prises à la CAF ? 

Je me suis engagé à faire des réformes et je l’assume. Cela m’a peut-être valu des critiques. On a essayé, parfois, de détruire ce que j’ai fait. Mais je n’ai pas peur. Quand on a peur, on devient trop politique et on ne pense qu’au prochain mandat. Moi, je n’hésite pas. J’avance, car il y a toujours quelque chose à faire.

Je ne pense pas que qui que ce soit se présente contre moi. »

Lors de votre premier mandat, de graves accusations de corruption et de harcèlement sexuel sur des employées de la CAF au Caire ont été proférées à votre encontre. Comment avez-vous vécu ces attaques ?

Si vous n’êtes pas attaqué, c’est que vous n’avez pas bougé. Et plus vous bougez, plus on vous attaque. Ce qui est décevant, c’est d’être attaqué par des gens à qui vous avez accordé votre confiance, qui sont à vos côtés. Mais la traîtrise fait partie de la vie.

On m’a par exemple accusé d’avoir volé 24 millions de dollars à la FIFA. Mais quand j’ai demandé à mon directeur de cabinet d’enquêter, il a constaté que la FIFA avait versé deux fois de l’argent à la CAF par inadvertance, et que la CAF avait simplement remboursé le versement de trop. Un jour, la vérité sortira.

Plusieurs personnalités ont été tentées par une candidature en 2021 : les Tunisiens Wadie el-Jary et Tarek Bouchamaoui, le Marocain Fouzi Lekjaa, le Nigérian Amaju Pinnick, l’Égyptien Hani Abo Rida…

Je ne pense pas que qui que ce soit se présente contre moi, parce que j’ai le soutien de 46 fédérations, sur les 54 affiliées à la CAF. Mes éventuels compétiteurs savent que la majorité des électeurs voteront en ma faveur.

Si vous êtes réélu, envisagerez-vous un troisième mandat ?

Si je fais un deuxième mandat, j’aurai alors 65 ans à la fin de celui-ci. À cet âge-là, j’aspirerai à rester à Mahajanga, chez moi à Madagascar, et à faire autre chose. J’avais dit que si on me sollicitait pour un deuxième mandat, je le ferai. Mais après, je laisserai la place à quelqu’un d’autre.

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