Jean-Pierre Fabre

Longtemps bannie de l’arène politique, l’Union des forces de changement (UFC), présidée par Gilchrist Olympio, a désormais droit de cité. Son secrétaire général revient sur les conditions de la réconciliation. Qui passe par l’avènement d’une vraie démocratie.

Publié le 15 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : La réconciliation est-elle possible au Togo ?
Jean-Pierre Fabre : On parle de réconciliation depuis 1964, l’année qui a suivi l’assassinat de Sylvanus Olympio, le premier président de la République togolaise. Et si l’on en parle encore, c’est que la démarche a souvent manqué de sincérité. Cela dit, la réconciliation est possible, pourvu que soient réglées les causes des problèmes actuels, à savoir le refus de l’alternance politique et la confiscation du pouvoir par un groupe. Nous demandons seulement une vraie volonté de réconciliationÂÂ
Lorsque le général Gnassingbé Eyadéma est arrivé au terme de son dernier mandat, en 2002, il a fait supprimer la disposition constitutionnelle qui lui interdisait de briguer de nouveau la présidence, dans le but d’éliminer Gilchrist Olympio de la course. Nous voulons le retour au cadre électoral d’avant cette modification. Seules des élections libres et bien organisées permettront une vraie réconciliation.

Alors pourquoi avoir signé l’accord politique global, puisque c’est sur ce point que le bât continue de blesser ?
Dans notre camp, certains nous ont reproché d’avoir signé cet accord, qu’ils estimaient déséquilibré car il faisait la part belle au Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir). Mais nous avons estimé que nous pouvions gagner les élections malgré cela. Mal nous en a pris. Le découpage des circonscriptions électorales n’était pas bon, et le RPT a obtenu 50 députés avec moins de voix que l’UFC, qui n’en a obtenu que 27.

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Gilchrist Olympio reproche au RPT de ne pas aller assez vite dans les réformes. Où en êtes-vous dans le suivi de l’accord de Ouagadougou ?
Il n’y a pas beaucoup d’avancées. Lorsque nous évoquons les réformes institutionnelles et constitutionnelles prévues par l’accord, le RPT regarde ailleurs. M. Olympio a rencontré le président Faure en novembre. Depuis, malgré deux lettres de relance, il ne se passe rien.

L’adhésion de l’UFC au processus vérité et réconciliation est quand même un pas vers une collaboration, non ?
Certes, nous y avons adhéré. Mais nous restons prudents. Nous analysons au jour le jour son évolution pour nous assurer que ce n’est pas une manipulation. Si c’était le cas, nous nous retirerions.

La peur de la vengeance n’est-elle pas un frein à l’alternance ?
Il n’y a pas de volonté de vengeance ! La vengeance n’est pas un programme politique. Et qu’est-ce qui empêche le RPT de demander des garanties ? Nous sommes prêts à les lui fournir dans le cadre d’un accord supervisé par la communauté internationale.

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