Embellie sur les investissements

Après quatorze ans d’embargo, les bailleurs de fonds internationaux sont de retour. Les rouages de la relance se remettent en mouvement. Et la croissance aussi.

Publié le 15 juillet 2008 Lecture : 4 minutes.

Un grand ouf ! de soulagement. Les principaux partenaires multilatéraux du Togo – Union européenne (UE) et Fonds monétaire international (FMI) en tête – ont décidé de reprendre leur coopération en novembre dernier, après avoir interrompu leur aide pendant quinze ans. Embargo imposé en raison du déficit démocratique qui s’était installé depuis janvier 1993, alors qu’étaient violemment réprimées les manifestations de l’opposition. Heureux et logique dénouement de la normalisation engagée par l’accord politique global d’août 2006 et les législatives jugées « globalement satisfaisantes » d’octobre 2007, cette décision des bailleurs internationaux était le préalable indispensable à la relance de l’économie.
« Le Togo a fait des progrès considérables en matière de réformes politiques et économiques au cours des deux dernières années », soulignait le FMI le 21 avril dernier, à l’appui de la signature d’une facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) couvrant la période 2008-2010, d’un montant de 108,4 millions de dollars (environ 69 millions d’euros). Le but de cette aide financière est de donner un nouveau souffle à l’économie togolaise. C’est aussi un moyen de récompenser les efforts du pouvoir en place qui, depuis quelques mois, aux yeux des bailleurs de fonds, fait preuve d’initiatives pour instaurer un système démocratique et une stabilité économique. Le Fonds enregistre ces avancées mais reste méfiant. Il veut bien prêter de l’argent au Togo, mais à condition d’avoir des résultats probants. Ainsi – comme c’est l’usage pour une FRPC -, l’aide répartie sur trois ans sera distribuée par tranches tous les six mois. Et des contrôles seront régulièrement effectués par le FMI pour vérifier que le gouvernement de Lomé tient bien ses promesses. Le président Faure Gnassingbé et ses ministres se sont notamment engagés à réorganiser les douanes et l’administration fiscale, pour faire cesser la corruption, et à instaurer plus de rigueur et de transparence dans les dépenses publiques. Les contraintes sont donc nombreuses, mais c’est le prix à payer si le Togo veut bénéficier à nouveau du soutien des bailleurs internationaux.

Des aides soumises à l’avancée des réformes
Et le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, l’Union européenne a, de son côté, débloqué 123 millions d’euros pour le pays lors du Xe Fonds européen de développement (FED), qui couvre la période 2008-2013, dont 57 millions pour la relance économique à travers l’appui aux infrastructures, 32 millions pour l’appui macroéconomique à travers l’annulation des dettes multilatérales et l’appui budgétaire, et 22 millions pour la gouvernance et l’appui aux réformes économiques et institutionnelles.
Ces deux substantielles enveloppes de l’UE et du FMI, qui marquent en sus une reprise globale des aides bilatérales, serviront donc avant tout à soutenir la croissance. Avec une moyenne de 2,4 % de 2000 à 2006, l’évolution du produit intérieur brut (PIB) du pays demeure faible, pour ne pas dire atone. Cette modeste performance tient surtout au fait que, privés d’investissements et de financements, les secteurs de rente comme le coton, les phosphates (voir p. 66) et le café ont vu leur production dramatiquement chuter, limitant les moyens d’intervention de l’État.
La relance de ces filières, en plus de la réforme attendue de grandes entreprises publiques (comme la Société togolaise de coton, Sotoco) et de celle du système bancaire, est donc prioritaire. D’autant que la crise énergétique, liée à la sécheresse et aux déboires de la Communauté électrique du Bénin (CEB) et de l’entreprise Électro Togo, qui exploitait la Centrale thermique de Lomé (CTL), a aggravé la situation en provoquant un repli de croissance de 2005 à 2007 (voir infographie ci-contre).

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Une dette réduite de 90 %
Néanmoins, selon la Banque mondiale, « à moyen terme, l’évolution annuelle du PIB devrait dépasser les 4 % grâce au retour des investissements, à l’expansion des circuits financiers et à l’amélioration des infrastructures de transport. » Déjà, la rétrocession de la concession d’Électro Togo à l’américain ContourGlobal, en octobre 2006, éclaircit l’horizon. Et les 100 millions de dollars d’investissement prévus dans la construction d’une centrale plus moderne, approvisionnée à partir du futur gazoduc ouest-africain, réduiront significativement la dépendance énergétique.
Le retour des grands bailleurs internationaux au Togo permet d’adresser des signaux positifs en direction des investisseurs. Ces derniers savent qu’ils devraient pouvoir compter ces prochaines années sur un État plus performant grâce aux réformes prévues dans les administrations et dans le secteur bancaire, qui souffre actuellement d’un volume élevé de créances douteuses.
Une autre priorité est de ramener à un niveau acceptable la colossale dette extérieure du pays (1,7 milliard de dollars). Cette dernière doit en l’occurrence bénéficier d’un allègement « de grande envergure » dans le cadre de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM), auxquelles le Togo peut désormais prétendre. « Grande envergure » est le moins que l’on puisse dire : en cas de résultats satisfaisants, ce lourd fardeau de la dette extérieure qui pèse sur les épaules des Togolais pourrait, en effet, être réduit à terme de 90 %.

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