Découverte de Toumaï, doyen de l’humanité

19 juillet 2001

Publié le 15 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Ancêtre de l’homme ou du chimpanzé ? La communauté scientifique s’interroge après la découverte, le 19 juillet 2001, au Tchad, d’un crâne vieux de 7 millions d’années. Les ossements ont été mis au jour dans la région de Toros-Menalla, une étendue désertique à 800 km au nord de N’Djamena, par des membres de la Mission paléoanthropologique franco-tchadienne dirigée par le professeur Michel Brunet, de l’université de Poitiers. L’équipe est constituée de quatre hommes, un Français et trois Tchadiens, et c’est l’un de ces derniers, Ahounta Djimdoumalbaye, qui peut se targuer d’avoir été le premier à toucher le fossile.

Pour Michel Brunet, aucun doute : les restes sont bien ceux d’un hominidé. Il a certes beaucoup du singe, mais possède aussi des caractères que l’on ne trouve que dans le rameau humain : la forme des dents, l’épaisseur de l’émail, l’orientation des orbites. Quant à la position du trou occipital, où aboutit la moelle épinière, elle permet d’imaginer que l’individu était bipède. Il devait mesurer environ 1 mètre et peser 35 kg.
Les Tchadiens souhaiteront le baptiser Toumaï, « espoir de vie » en langue gorane. C’est le nom donné dans le désert du Djourab aux enfants qui naissent à la veille de la saison sèche. Les scientifiques, pour leur part, l’appelleront Sahelanthropus tchadensis. Beaucoup de paléontologues, toutefois, sont réservés. Toumaï, selon eux, est plus vraisemblablement un gorille archaïque. Pour faire taire les sceptiques, Michel Brunet confie le crâne à des chercheurs de l’université de Zurich afin qu’ils le reconstituent en trois dimensions. Dès lors, beaucoup d’incertitudes sont levées. Portée à sa taille véritable, la boîte crânienne ne pourrait être celle d’un chimpanzé ou d’un gorille. Les indices de bipédie, par ailleurs, sont confirmés par les images virtuelles.
Avec ses 7 millions d’années, Toumaï donne un sérieux coup de jeune à Lucy, la célèbre australopithèque exhumée en 1974 dans l’Afar éthiopien par l’équipe du paléoanthropologue français Yves Coppens et qui vivait il y a quelque 3,2 millions d’année. Et même à Orrorin tugenensis (6 millions d’années), mis au jour en 2000 dans le nord-ouest du Kenya. Dans l’arbre généalogique de notre espèce, le nouvel ancêtre tchadien se situe tout près de l’embranchement où la famille humaine diverge des grands singes.

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Autre conséquence de la découverte de Toumaï, la théorie connue sous le nom de East Side Story est remise en question. Selon le scénario élaboré en 1982 par Yves Coppens, la séparation entre les hominidés et les grands singes s’expliquerait par la formation du Grand Rift, cette immense fracture tectonique qui parcourt l’Afrique orientale. À l’ouest, la forêt dense aurait favorisé le développement des gorilles et des chimpanzés, tandis qu’à l’est la transformation du paysage en savanes, où la bipédie est un avantage, aurait contribué à l’émergence des australopithèques et des autres préhumains. Jusque-là, donc, on situait le foyer d’apparition des hominidés dans une aire couvrant, grosso modo, l’Éthiopie et le Kenya actuels. Voilà, que d’un coup, ce foyer se déplace de 2 500 km à l’ouest.
Le 10 juillet 2002, à N’Djamena, où Toumaï faisait sa première apparition publique, la foule se pressait pour voir le petit crâne bosselé. Sur des affiches placardées à travers la capitale, on pouvait lire : « Le Tchad, berceau de l’humanité ? » En l’état actuel des connaissances, cela n’est pas du tout exclu.

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