Avis de gros temps sur l’Église anglicane

L’autorisation d’ordonner des femmes évêques réactive les querelles entre progressistes et traditionalistes.

Publié le 15 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

La crise couve au sein de l’Église anglicane. En votant majoritairement pour l’ordination de femmes évêques lors de leur synode organisé les 7 et 8 juillet en Grande-Bretagne, les évêques de cette branche réformée du catholicisme ont encore creusé le fossé qui oppose les tenants d’une ligne traditionaliste et les partisans d’une orientation plus progressiste. Les premiers, minoritaires, ne supportent pas l’idée de voir les femmes, qui ont difficilement acquis le droit à la prêtrise en 1994, entrer dans l’épiscopat. Leur argumentation tient en un constat simple : les douze apôtres du Christ étaient des hommes. Si les libéraux ne le contestent évidemment pas, ils tiennent toutefois à rappeler que Jésus traitait les deux sexes sur un pied d’égalité En fait, l’argument officieux des traditionalistes est plus prosaïque : les prêtres masculins ne supporteraient pas l’idée d’officier sous les ordres d’un évêque de sexe féminin.
Les menaces de schisme sont réelles, car les divisions au sein de l’Église anglicane ne se limitent pas à cette seule question. L’ordination de prêtres homosexuels, tel l’Américain Gene Robinson en 2003 dont l’union avec un autre homme vient d’être officiellement reconnue en juin, pose également problème. Pour les traditionalistes, ces deux statuts sont inconciliables : ils y voient le signe d’une perte des valeurs sur lesquelles repose l’anglicanisme.
Les conservateurs, qui menacent de claquer la porte au cas où les progressistes ne reverraient pas leur position sur les femmes, sont, pour l’essentiel, des évêques originaires d’Afrique – le continent compte 37 millions des 77 millions d’anglicans -, d’Amérique latine et d’Océanie. Parmi eux, deux personnalités sortent du lot : le Nigérian Peter Akinola et l’Ougandais Henry Luke Orumbi.
Si l’immixtion du Vatican, déçu par le vote des progressistes, dans la polémique n’a fait que jeter un peu plus d’huile sur le feu, reste qu’un schisme est peu probable avant 2011 ou 2012. Ce n’est effectivement pas avant cette date que la version définitive du texte en question sera adoptée, et que sera, par conséquent, ordonnée la première femme.

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