Remaniement au Sénégal : Macky Sall fait planer le suspense

Le chef de l’État a dissous mercredi son gouvernement, une équipe qui l’accompagnait depuis sa réélection en 2019.

Macky Sall, le 8 septembre 2020. © Présidence du Sénégal

Macky Sall, le 8 septembre 2020. © Présidence du Sénégal

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Publié le 30 octobre 2020 Lecture : 3 minutes.

Plus qu’une dissolution gouvernementale, c’est un véritable branle-bas qu’a opéré Macky Sall au sein de ses équipes. Mercredi, le président a à la fois remercié son gouvernement, la présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) Aminata Touré, le secrétaire général de la présidence et ancien Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dione, et le secrétaire général du gouvernement, Maxime Jean Simon Ndiaye.

La nouvelle équipe gouvernementale pourrait être annoncée dans les prochaines heures. « La semaine prochaine au plus tard », ont affirmé certains proches du chef de l’État.

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Un remaniement était attendu depuis plusieurs mois déjà. C’est finalement ce mercredi que Macky Sall a décidé de se séparer de l’équipe qui l’accompagnait depuis le 7 avril 2019, quelques semaines après sa réélection à la tête de l’État. Depuis lors, aucun changement n’avait été opéré, à l’exception de la nomination d’Alioune Ndoye au ministère de la Pêche, en remplacement de l’ancienne ministre Aminata Mbengue Ndiaye, qui avait succédé à Ousmane Tanor Dieng, décédé le 15 juillet 2019, au Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT).

Changement de cap

Pourquoi cette dissolution survient-elle aujourd’hui ? L’entourage du chef de l’État évoque un contexte particulier lié au coronavirus. « Le remaniement répond à un besoin d’ajustement face à la crise économique liée au Covid-19. Il s’agira d’adapter l’équipe gouvernementale au PAP2A », le nouveau plan de relance économique, confie à Jeune Afrique l’un de ses proches.

« Lorsqu’on change de cap et qu’on adopte une nouvelle vision, en gardant le PSE [Plan Sénégal Emergent] en toile de fond, il est nécessaire d’aller vers des profils qui cadrent avec ce changement et qui peuvent traduire en acte la vision du président », ajoute Abdou Mbow, porte-parole adjoint du parti présidentiel [Alliance pour la République, APR].

La nomination de technocrates n’est donc « pas à exclure », assure le proche de Macky Sall cité précédemment. Certaines personnalités présentes de manière constante – ou quasi – dans les différents gouvernements de Macky Sall, à l’instar d’Abdoulaye Daouda Diallo, d’Aly Ngouille Ndiaye, de Sidiki Kaba, d’Oumar Youm ou encore d’Amadou Ba, pourraient-elles être mises de côté ?

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Peu d’informations circulent sur la composition de la future équipe, y compris dans le cercle qui entoure le chef de l’État. « Il revient à Macky Sall de décider quand et comment recomposer cette équipe », affirme Abdou Mbow.

Vers un gouvernement d’ouverture ?

La perspective d’un gouvernement d’union nationale pourrait aussi rebattre certaines cartes. Le pouvoir et ses adversaires – Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade exclu – discutent en effet depuis plusieurs mois au sein de la composante politique du dialogue national, lancé par Macky Sall le 28 mai 2019. Des négociations entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, officiellement réconciliés depuis septembre 2019, ont toutefois également été menées et avaient conduit à la libération de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall.

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Les conclusions du dialogue politique, qui a mené au report des élections locales et à un accord sur l’audit du fichier électoral, ont quant à elles déjà été déposées auprès du président.

« L’opposition reste calme car elle est dans la négociation. Nous sommes dans une sorte de cessez-le-feu. Nous discutons pour essayer de déboucher sur des consensus politiques, mais je suis assez pessimiste », confiait un membre de l’opposition à JA, quelques jours avant la dissolution du gouvernement.

Tractations

Plus que calme, l’opposition est restée très silencieuse depuis plusieurs mois. Une discrétion destinée à négocier plus librement une entrée au gouvernement ? Le pouvoir pourrait notamment tendre la main à certains ex-membres du PDS d’Abdoulaye Wade.

« Nous n’avons pas été formellement approchés, assure à Jeune Afrique l’ancien numéro deux du parti, Oumar Sarr, qui a créé sa propre formation politique. Mais nous ne sommes pas dans une opposition frontale, et nous ne nous en sommes jamais cachés. Si nous étions contactés, nous en discuterions avec les instances de notre parti. » Selon nos informations, d’autres ténors de l’opposition ont d’ores et déjà été approchés.

Autre inconnue de ce remaniement : le sort de l’ex-présidente du CESE, Aminata Touré. Après une longue traversée du désert suite à son échec aux élections locales de 2014 à Dakar, l’ancienne Première ministre avait été propulsée troisième personnage de l’État. Ses ambitions personnelles lui auront-elles été fatales, ou pourrait-elle au contraire récupérer un portefeuille clé ?

De la même manière, quel sort sera réservé à l’ancien Premier ministre Boun Abdallah Dionne, dont le poste avait été supprimé par surprise par Macky Sall après sa réélection ? Considéré comme un « dauphin » potentiel, l’ancien chef du gouvernement avait été nommé secrétaire général de la présidence. Retrouvera-t-il une place de choix dans la nouvelle équipe, voire son précédent poste ? À Macky Sall d’en décider.

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