Un Haratine à la primature

C’est un « Maure noir » originaire de l’est du pays qui prend la tête du nouveau gouvernement. Une petite révolution !

Publié le 11 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

Si Messaoud Ould Boulkheir, aujourd’hui l’un des principaux leaders de l’opposition, fut, il y a quinze ans, le premier Haratine – « Maure noir » descendant d’esclaves – à détenir, de par la volonté du président Ould Taya, un portefeuille ministériel, la nomination, le 6 juillet, de Sghaïer Ould Mbareck (56 ans) au poste de chef du gouvernement mauritanien constitue une sorte de consécration pour cette communauté nombreuse et longtemps délaissée.
Figure connue d’un régime au sein duquel il a déjà, à quatre reprises, occupé des fonctions ministérielles, cet avocat affable est en outre originaire du Hodh el-Chargui, le « Far East » mauritanien. Autant dire que le casting est parfait. Haratine, Ould Mbareck devra aider le futur candidat Ould Taya à reconquérir, lors de la présidentielle du 7 novembre, un électorat communautaire assidûment courtisé par Ould Boulkheir, ainsi que l’ont démontré les résultats des dernières municipales à Nouakchott. Mais sa promotion démontre aussi aux populations de l’est du pays que le chef de l’État n’a nullement l’intention de les sanctionner sous le seul prétexte que les chefs putschistes du 8 juin sont originaires de leur région.
Coup double donc, sur fond de remise en ordre attendue après une tentative de coup d’État très traumatisante et dans la perspective toute proche (moins de quatre mois) de l’élection à la magistrature suprême. Après les bouleversements survenus au sein de la hiérarchie militaire, puis l’arrestation de plusieurs personnalités civiles soupçonnées de complicité avec les mutins, c’est au tour du gouvernement, renouvelé le 7 juillet, d’être touché. Les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice (entre autres) changent de titulaires. Au sein même de la présidence, le poste clé de directeur de cabinet du chef de l’État passe de Sidi Mohamed Ould Boubacar à Maalaïnine Ould Tomy, qui fut, pendant près de deux décennies, un patron du protocole aussi discret qu’efficace. Nul doute, enfin, que le départ – inattendu et inexpliqué – de Louleïd Ould Waddad du secrétariat général du PRDS, le parti au pouvoir, sera abondamment commenté à Nouakchott. Fidèle bras droit et compagnon de la première heure du président, le Dr Louleïd se retrouve pour la première fois sans affectation précise. On imagine mal qu’il le reste longtemps.

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