Symbole

Publié le 16 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

George W. Bush, 43e président des États-Unis, a donc fait l’honneur à l’Afrique (subsaharienne) de lui rendre visite : les dates choisies étaient celles qui lui convenaient ; ses homologues africains n’ont même pas osé lui dire qu’elles ne leur convenaient pas : leurs ministres auraient dû être à Maputo pour le sommet annuel de l’Union africaine, et eux-mêmes en route pour s’y rendre.

Cinq pays en cinq jours ; foule tenue à distance, le plus loin possible, pour que le visiteur ne risque rien.
Les Africains « d’en bas », Bush les a vus de haut et de loin ; ils ont dû le voir de travers et beaucoup lui ont rappelé, plus ou moins bruyamment, que sa politique leur donne des boutons.
À chacune de ses escales, il a lu les discours que lui ont écrits ses « speechwriters » et qui étaient convenables. Ceux qui les ont écoutés ont penser : « Ce que vous êtes parle si fort que nous n’entendons pas ce que vous dites… »
Il a fait ce que ses services de sécurité lui ont permis. Qu’importe, au demeurant : l’essentiel de la représentation n’était-il pas destiné, via les télévisions américaines, aux électeurs africains-américains ? Le dixième d’entre eux seulement a voté pour lui en 2000 : 90 % sont à gagner…

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Que le président américain sillonne l’Afrique, même au mauvais moment et au pas de charge, qu’il donne l’impression de s’y intéresser – même si l’on sait que, pour lui et pour son administration, l’Afrique se résume à la lutte contre le terrorisme (encore et toujours), au sida, au pétrole et à un atout électoral – est tout de même bon pour le continent : cet « intérêt » avive celui de l’Europe. Et suscite celui de la Chine, du Japon et de la Russie.
Il ne faut pas en attendre plus. Car, s’agissant d’aide économique, c’est d’absence qu’il faut parler. Le professeur (américain) Jeffrey D. Sachs, qui sait de quoi il parle, est catégorique : « Les États-Unis ne dispensent qu’une aide insignifiante à l’Afrique. Ils ne font qu’en parler, lancer des chiffres. La réalité ? Moins de 4 dollars par Américain et par an(*). »

Après ce voyage, comme avant, dans leur grande majorité les Africains se défient de Bush et de son gouvernement, même s’il compte (et met en avant) deux personnalités noires : Colin Powell et Condoleezza Rice.
Le plus illustre des Africains, Nelson Mandela, que George W. Bush pensait punir en ne demandant pas à le rencontrer, a, une fois de plus, eu la bonne réaction : n’écoutant que sa conscience et son instinct, il a ostensiblement pris l’avion pour les îles Britanniques au moment où la flotte aérienne du président américain débarquait dans son pays…
Tout un symbole.

* Un milliard de dollars par an : 1,5 dollar par Africain et par an ; 5,5 % de l’aide américaine à l’étranger. Le Fonds de 15 milliards de dollars sur cinq ans pour le sida n’est pas encore approuvé par le Congrès.

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