L’apprentissage du dauphin

Le fils du raïs reçu à Washington pour la seconde fois en cinq mois.

Publié le 11 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

La blague fait fureur sur les bords du Nil. « Au terme de votre mandat, en 2005, avez-vous l’intention de céder la présidence de la République à Gamal, votre fils ? demande-t-on à Hosni Moubarak, 75 ans.
L’Égypte n’est pas la Syrie. J’ai deux fils, Âla et Gamal. Ce sera au peuple égyptien de choisir », répond le raïs.
On l’aura compris : la majorité des Égyptiens est convaincue que Gamal Moubarak, 39 ans, est appelé à succéder un jour à son père. Le raïs a beau répéter que son fils ne dispose d’aucun mandat exécutif et que les rumeurs sur sa nomination au poste de vice-président, prélude à son accession à la magistrature suprême, sont sans fondement, rien n’y fait. Il faut dire que ni les collaborateurs du chef de l’État, ni les médias gouvernementaux ne ratent une occasion de faire l’éloge du jeune homme, qui est en passe de devenir l’éminence grise du régime et le porte-drapeau des réformes politiques et économiques.
Et Gamal lui-même ne contribue pas à faire taire les rumeurs. À la fin du mois de juin, il s’est ainsi rendu en visite aux États-Unis – pour la seconde fois en moins de cinq mois -, au sein d’une importante délégation officiellement conduite par Oussama el-Baz, le conseiller politique du raïs. Deux membres du gouvernement étaient également du voyage : Youssef Boutros-Ghali, ministre du Commerce extérieur, et Ahmed Nadhif, son collègue des Communications et des Technologies de l’information.
À Washington, Gamal a été reçu par le vice-président Dick Cheney. À Chicago, il s’est entretenu avec des représentants du lobby juif américain, auxquels il a demandé de faire pression sur Ariel Sharon et sur l’administration Bush afin de faire avancer le processus de paix au Proche-Orient. Au cours d’une rencontre organisée dans la capitale fédérale par le Centre des études stratégiques, il a tenté de redorer l’image de son pays en insistant sur son rôle dans la lutte contre le terrorisme, et notamment dans le tarissement des sources de financement du mouvement Hamas.
« Oussama el-Baz était l’homme politique le plus âgé de la délégation, mais Gamal était le plus grand », a déclaré un membre de la communauté juive au quotidien israélien Yedioth Aharonoth. Ce témoignage n’a pas dû déplaire au raïs…

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