La guerre d’Espagne commence

Publié le 11 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

«Allô Madrid ! Madrid ! Ici, Tétouan… Ici, le sergent radiotélégraphiste. La Légion étrangère et les troupes régulières se sont soulevées. À vous Madrid. » À l’aube de ce 18 juillet 1936, le général-commandant de la Garde civile apprend qu’un coup d’État militaire a commencé dans l’enclave espagnole du Maroc. Au même moment, à Las Palmas (îles Canaries), un autre général relit le télégramme qu’il va envoyer : « Gloire à l’héroïque armée d’Afrique. L’Espagne au-dessus de tout. Recevez le salut enthousiaste des garnisons qui se joignent à vous et aux autres camarades. Foi aveugle en la victoire. » Il signe : « Général Franco. »
À vrai dire, les quatre chefs de la conjuration militaire pensent régler son compte à la République espagnole en quelques jours. Ni le général Sanjuro, désigné pour prendre les rênes du nouveau pouvoir, ni le général Mola, grand organisateur du complot, ni les généraux Franco et Goded, exilés l’un aux Baléares et l’autre aux Canaries, ne se doutent que les combats dureront trois ans. Et que les deux premiers périront dans des accidents d’avion, laissant la voie libre au futur Caudillo Francisco Franco.

Ils tablent sur le désir des Espagnols d’en finir avec la chienlit, les coups d’État à répétition, les assassinats et l’arrivée au pouvoir des « rouges ». Ceux-ci ont remporté les élections législatives de février et gouvernent à la tête d’un Front populaire. Les mutins comptent aussi sur l’armée dont la majorité des officiers est ulcérée par les mutations et les réductions d’effectifs pratiquées par le gouvernement Quiroga.
Dans un premier temps, le golpe (le « coup ») semble réussir. La résistance des marins et des aviateurs loyalistes de Tétouan ne dure qu’un jour : le protectorat marocain passe en totalité aux mains des insurgés qui détiennent, outre les Canaries et les Baléares, des villes où les garnisons se soulèvent : Séville, Cadix, Algésiras, Cordoue, Burgos. La Galice tombe tout entière. En revanche, la résistance est vive dans les Asturies ou à Salamanque.
Le président du Conseil, Casares Quiroga, démissionne, le 18 juillet. Il est remplacé le lendemain par José Giral, qui forme un gouvernement de centre-gauche et distribue des armes à la résistance populaire. Les foules de Madrid et de Barcelone infligent aux rebelles leurs premières défaites au cri célèbre de « No pasarán ». Républicains et nationalistes s’équilibrent et tiennent chacun la moitié du pays et la moitié des troupes. Le 20 juillet, le putsch est raté ; la guerre civile commence avec son cortège d’atrocités dans les deux camps.

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Dès le début, la guerre d’Espagne se caractérise par son internationalisation. Les nationalistes en appellent à l’Allemagne hitlérienne et à l’Italie mussolinienne. Le gouvernement se tourne, lui, vers la France, elle aussi dirigée par un Front populaire, vers la Grande-Bretagne et vers l’Union soviétique. Mais les démocraties parlementaires mesureront leur soutien à l’Espagne républicaine pour ne pas risquer une guerre avec l’Allemagne et l’Italie, pour ne pas se trouver dans le même camp que les communistes russes, ou tout simplement par lâcheté.
Hitler et Mussolini, eux, n’auront pas ces scrupules : dès le mois d’août, ils aident les troupes d’Afrique les plus aguerries à traverser le détroit de Gibraltar. Par la suite, ils assureront aux rebelles les bombardements, notamment ceux de la légion Condor allemande qui rasera Guernica, et les colonnes blindées qui viendront inexorablement à bout des républicains et de leurs Brigades internationales.
L’Espagne a été le terrain de la première bataille de la Seconde Guerre mondiale. Dès qu’elle a été finie, les Allemands ont pris Prague, et les Italiens, Tirana. Les deux camps multinationaux qui se dessinaient sur le sol ibérique se réincarneront dans les Alliés, d’un côté, et dans les forces de l’Axe, de l’autre.

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