Compétition

Publié le 16 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

Ce XXIe siècle sera-t-il, comme nous l’avons pensé (et écrit), celui de la femme ? Selon beaucoup d’augures, celle-ci devrait se libérer de ses liens, rattraper son retard pour atteindre la parité avec l’homme, puis le dépasser, et s’installer enfin dans la position de sexe fort.
Le mouvement paraissait irréversible et nous évaluions à quelques décennies le temps nécessaire à cet avènement qui aurait été une immense révolution.
Eh bien, il semble que ceux d’entre nous qui ont cru pouvoir annoncer, pour ce siècle, le triomphe de la femme se soient trompés.
Pour deux raisons :
1. Le chemin à parcourir est beaucoup plus long qu’on ne l’avait imaginé.
Les statistiques montrent en effet que, même dans les pays les plus développés – qui ne rassemblent que 15 % de l’humanité -, on reste très loin de la parité. On en prend le chemin, mais à la vitesse de la tortue.

Aux États-Unis, les femmes chefs de très grandes entreprises sont, certes, un peu plus nombreuses qu’il y a vingt ans. Mais elles ne représentent encore que 15 % du total. Les managers des entreprises de Grande-Bretagne sont à 70 % des hommes, de même que 90 % des dirigeants des cinq cents plus grandes entreprises mondiales.
Dans les pays moins développés et dans les entreprises moins grandes, la disparité est encore plus accusée.

la suite après cette publicité

2. Les femmes risquent de ne jamais gagner la course parce qu’il leur manquerait, selon des chercheurs anglo-saxons, deux ingrédients décisifs.
Les études conduites par ces chercheurs – en fait, des chercheuses ! – montrent que les hommes, en général, considèrent leur travail comme le centre de leur vie. Ce qui n’est pas le cas des femmes, ou très rarement : conditionnées par leur passé ou non, elles ne veulent pas que leur vie soit dominée par leur travail.
Plus décisive encore, selon ces chercheuses, est l’attitude comparée des hommes et des femmes face à la compétition.

Des milliers de tests ont invariablement montré que, dans une situation de compétition, les hommes montrent plus de volonté de gagner que les femmes.
Exemple : vous donnez à faire des exercices à un groupe d’hommes et de femmes, avec pour rémunération 1 dollar par exercice réussi. Résultat : égalité. Autant de femmes que d’hommes réussissent l’exercice.
Mais si vous multipliez la rémunération par dix et, en outre, exigez des concurrents qu’ils réussissent la plupart des exercices, beaucoup plus d’hommes que de femmes en viennent à bout.
Autre exemple : vous faites courir un 100 mètres à des garçons et à des filles de 10 ans, à tour de rôle. Tous réalisent à peu près le même temps.
Mais si vous faites courir un garçon et une fille ensemble, le temps de la fille ne change guère tandis que celui du garçon s’améliore. Plus généralement, un garçon court plus vite lorsqu’il est opposé à un(e) concurrent(e).
Troisième test : on offre un salaire donné à plusieurs candidats à un même poste. Les candidates acceptent en général le salaire proposé, car elles craignent de « négocier », ou détestent cela. En revanche, la plupart des hommes n’hésitent pas à tenter d’obtenir plus, et y parviennent.

Est-ce leur condition millénaire qui donne aux femmes cette attitude face à la compétition ou bien est-ce leur nature ?
Je penche pour la première explication.
Que n’a-t-on dit, que ne dit-on encore, des Juifs, des Asiatiques, des Arabes, des Noirs pour faire croire qu’ils étaient, ou sont intrinsèquement paresseux, fourbes ou voleurs ? C’était tout simplement du racisme.
Ce que les tests évoqués ci-dessus disent des femmes ne révèle pas des faiblesses congénitales ou structurelles, mais provient certainement de séquelles d’un asservissement multimillénaire.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires