Business au féminin

À Marrakech, le dixième « Davos des femmes » a été marqué par une forte présence arabe.

Publié le 11 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

Le Sommet mondial des femmes a, au fil des ans, acquis ses lettres de noblesse. Pour sa dixième édition en treize ans, du 28 au 30 juin, Marrakech a su se montrer particulièrement accueillant. Quelque 800 participantes originaires de 80 pays avaient fait le déplacement. Quarante-deux femmes ministres avaient tenu à « en être », et la présence, pour la première fois, de délégations irakienne et palestinienne fut particulièrement remarquée.
En choisissant cette année le Maroc comme hôte de son « sommet du business féminin », l’Américaine Irene Natividad avait à coeur de montrer aux femmes du monde entier combien leurs soeurs arabes luttent pour améliorer leur condition. « La tenue de ce sommet ici montre que la situation des femmes a évolué au Maroc », s’est félicitée la Marocaine Yasmina Baddou, secrétaire d’État à la Famille, à la Solidarité et à l’Action sociale. Deux autres ministres, Nezha Chekrouni et Nejma Rhozali, participaient à la manifestation, placée sous le haut patronage du roi Mohammed VI.
Si les Arabes étaient pour la première fois massivement présentes et mises à l’honneur, ni le caractère mondial de la rencontre, ni son objectif premier n’ont été oubliés : qu’elles aient fait le voyage depuis les îles Fidji, la Corée du Sud, le Mexique ou l’Afrique du Sud, ces femmes leaders dans les domaines politique ou économique comptaient bien profiter du déplacement pour initier ou conclure des projets. Les vingt-cinq conférences organisées sur le thème des stratégies ayant une influence sur l’avenir économique des femmes ont certes été suivies assidûment, mais l’événement a donné lieu à des échanges informels encore plus fructueux.
« On trouve des traces du travail des femmes jusque dans les anciennes civilisations mésopotamienne ou égyptienne », a souligné Farkhonda Hassan Youssef, secrétaire générale du Conseil des femmes égyptiennes. « Mais, aujourd’hui, nous sommes parvenues à une diversité inédite parmi les chefs d’entreprise. » À preuve, les discussions animées auxquelles on pouvait assister en dehors des salles de conférences. La directrice du pôle investissement de la Société générale marocaine de banques s’entretenait ainsi avec la « patronne » d’une entreprise de construction de Casablanca tandis qu’une jeune enseignante sollicitait des conseils pour améliorer son école d’enfants des rues… « Réseauter » : tel était bien le but du Sommet. « Je suis fatiguée d’entendre parler des problèmes des femmes dans le monde, s’est insurgée la déterminée Irene Natividad. Plutôt que de prendre d’énièmes résolutions, il faut appliquer celles qui ont déjà été décidées, échanger des solutions, tout en faisant des affaires ! » Les points faibles du Sommet – quelques cafouillages dans l’organisation, l’absence d’interlocuteurs masculins et une faible représentation des pays européens – n’ont pas gâché le dynamisme et le volontarisme des participantes réunies à l’hôtel Sheraton de Marrakech.
Le royaume chérifien, lui, aura tout gagné à accueillir un sommet déjà victime de son succès (plus d’une cinquantaine de femmes n’ont pu se faire accréditer faute de place). Ce fut pour lui l’occasion de promouvoir sa politique en faveur des femmes, de rappeler que le Parlement marocain compte trente-cinq élues et le gouvernement trois femmes, et de se montrer sous ses plus beaux atours. Lors de la cérémonie de clôture, dans le somptueux palais de la Bahia, ces « décideuses » susceptibles de prescrire la « destination Maroc » ont pu découvrir la richesse passée et présente du pays. Malgré les mets savoureux servis par le célèbre traiteur Rahal, elles n’ont pas pu résister à l’envie de quitter leur table pour danser sur des mélodies traditionnelles et populaires. Asiatiques, Africaines, Occidentales, ministres, chefs d’entreprise et militantes d’ONG ont alors oublié un instant leurs combats quotidiens pour partager un moment de spontanéité, loin du sérieux qui avait animé leurs trois jours de débats. Séoul, la capitale sud-coréenne qui recevra le Sommet mondial des femmes l’an prochain, aura fort à faire pour être à la hauteur.

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