Un pont de plus

Les habitants de la métropole attendent avec impatience la construction d’un deuxième ouvrage enjambant le fleuve.

Publié le 14 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Bientôt, les trois heures d’embouteillage pour effectuer les deux petits kilomètres qui relient le quartier industriel de Bonaberi au centre de Douala ne seront plus qu’un mauvais souvenir. Le pont qui enjambe le Wouri est, depuis la fin mars, en cours de réhabilitation. Surtout, le projet d’en construire un deuxième est en passe d’être approuvé par le gouvernement. Et pour cause : la capitale économique du Cameroun ne cesse de s’agrandir, sous la pression démographique (près de 6 % par an). Près de 3 millions d’habitants y vivent. À l’ouest de Douala, de l’autre côté du fleuve, le quartier de Bonaberi n’est pas en reste. Il abrite non seulement une importante zone industrielle mais aussi de plus en plus de logements résidentiels – 350 000 habitants y vivent désormais – sans oublier les espaces consacrés aux cultures vivrières. Environ 80 % des produits agricoles vendus dans les rues d’Akwa, de Bonanjo, de Bell et des autres arrondissements proviennent de l’autre côté du fleuve. On y trouve les produits cultivés dans l’Ouest. Treize mille tonnes de marchandises passent chaque jour d’une rive à l’autre. Sans compter les quelque 100 000 personnes et 38 000 véhicules !
Il paraît donc urgent de renforcer les capacités du pont déjà existant. Construit il y a cinquante ans, il commençait à montrer des signes de dégradation inquiétants. Les habitants de Douala sont conscients que, sans ouvrage enjambant le fleuve, c’est l’asphyxie. C’est sans doute la raison pour laquelle ils ont milité pour la construction d’un deuxième pont. Le ministère des Travaux publics en a admis la nécessité. Une commission ad hoc se réunit donc une fois par mois et planche sur le tracé de ce nouvel ouvrage. D’après les dernières études, il sera parallèle à l’actuelle construction. Mais ses points d’ancrage posent encore quelques problèmes, notamment pour l’indemnisation des populations qu’il faudra inévitablement déplacer. La Communauté urbaine de Douala (CUD) préconise de relier l’extrémité continentale de ce nouveau pont à une voie de contournement de la cité, sorte de périphérique qui permettrait de désengorger les artères du centre-ville. Coût estimé de ce projet : 40 milliards de F CFA (60 millions d’euros). Il faut encore que le gouvernement approuve l’initiative avant de lancer un appel d’offres. Cette artère traversant le fleuve sera confiée à une entreprise privée qui l’exploitera selon le principe du BOT (Build, Operate and Transfer) avant de transférer la propriété de l’infrastructure à la CUD. Pour assurer la rentabilité de l’opération, l’entreprise concessionaire instaurera sans doute un péage à l’entrée du nouveau pont.
En attendant le feu vert du gouvernement, les habitants doivent se contenter d’un ouvrage encombré d’ouvriers et d’engins de chantier. Les travaux, qui doivent durer deux ans, causent bien des désagréments. Les premières victimes sont les chauffeurs de taxi, interdits de passage. Seuls les véhicules particuliers peuvent emprunter le pont, ce qui a pour avantage de fluidifier la circulation. Les personnes non motorisées et fatiguées par la perspective de traverser à pied, sous un soleil de plomb, sont obligées de prendre un bus mis spécialement à leur disposition pour 100 F CFA le trajet. Certains regrettent le rejet par les autorités de la proposition d’ériger un pont flottant. Un peu coûteuse – environ 1,5 milliard de F CFA (2,2 millions d’euros) -, celle-ci aurait néanmoins permis d’offrir une solution provisoire, en attendant la fin des travaux.

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