Un nouveau visage

Publié le 14 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Des années durant, les pouvoirs publics camerounais n’ont eu d’yeux que pour Yaoundé, ses vertes collines, ses immeubles ministériels, ses avenues vides et son nouvel aéroport. Souvent vide lui aussi. Quant à Douala, l’industrieuse, la populeuse, la débrouillarde, elle semblait vouée à un inexorable délabrement. Ni son centre-ville, jadis pimpant, ni sa périphérie, grandissant à vue d’oeil, ne semblaient alors susciter le moindre intérêt. Ses équipements urbains, le bitume de ses routes (quand il y en avait), ses trottoirs et ses caniveaux ont ainsi subi, jour après jour, les outrages du temps sans que le moindre coup de pioche, ni la plus petite truelle de ciment, ne vienne les réparer.
Pourtant, si « déglinguée » soit-elle, Douala n’a jamais cessé d’être active. Hyperactive même, puisqu’elle génère à elle seule près de 70 % du Produit intérieur brut camerounais. C’est dire l’ampleur de l’injustice dont elle a été victime jusqu’à présent.

Mais les choses, fort heureusement, ont fini par changer. Notamment depuis qu’un colonel reconverti dans les affaires, Édouard Etondé Ekoto, après avoir été nommé en 2002 à la tête de la Communauté urbaine de Douala, a fait tomber sur la ville une pluie de projets. Le plus beau d’entre eux, Sawa Beach, prévoit de faire surgir d’une mangrove insalubre une cité aux allures de petite Venise tropicale. Quand il nous en a parlé la première fois, en mai 2003, ce n’était encore qu’un rêve. Et quelques dessins. Aujourd’hui, le projet est bouclé. Sur le papier en tout cas. Chiffres, études, maquettes, tout y est. Seuls manquent encore les financements. Mais le colonel ne doute pas, lui qui revient de Chine, de dénicher à travers le monde les investissements nécessaires. Comme il a bon espoir de doter Douala d’un grand stade, de rénover le centre-ville, d’aménager de nouveaux quartiers et de mener à bien ce qui a été entrepris. Car, depuis deux ans, la ronde des engins de chantier est incessante. Trois artères de la ville ont été refaites, les caniveaux obstrués sont en cours de réfection et le pont du Wouri fait peau neuve. Pour un début, ce n’est pas si mal.
Mais il reste tellement à faire. En particulier dans les quartiers périphériques tels que Mbam Ewondo, New Bell-Bamiléké, Bassa… où le choléra est venu rappeler, en fauchant trente-cinq vies, que les populations ont avant tout besoin d’eau courante, d’électricité et d’un service régulier de ramassage des ordures ménagères.
Reste à souhaiter que la croissance que connaît le Cameroun depuis quelques années se maintienne longtemps, et se renforce, pour que l’État puisse enfin faire face à ses obligations. Car il est peu probable que les investisseurs privés qui financeront Sawa Beach où le golf de l’île de Manoka s’intéressent d’aussi près à New Bell et à ses tas d’immondices.

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