Une défaite du cartiérisme
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Yaoundé a vu l’Afrique s’associer au Marché commun européen. Le 10 juin, à zéro heure, les Républiques africaines et malgache sont entrées dans une nouvelle phase de leur histoire. La convention de Yaoundé, valable cinq ans, sera revue, corrigée ou annulée le 31 mai 1969.
Sept cent trente millions de dollars seront donnés ou prêtés aux États associés. Ils serviront à des investissements industriels ou commerciaux. Sur le plan commercial, un principe essentiel a été acquis et il révolutionnera les économies africaines, comme il a bouleversé celles d’Europe après le traité de Rome : les contingents, qui freinent les échanges entre États membres et États associés, seront progressivement éliminés. Dès à présent les produits en provenance des Six verront leurs contingents de 1959 majorés de 75 % et, en fin 1965, de 95 %.
Autre point capital : pour un certain nombre de produits africains, les droits de douane sont immédiatement supprimés : en principe, les États membres – France, Italie, Hollande, Belgique, Luxembourg, Allemagne de l’Ouest – doivent supprimer leurs droits d’entrée sur le café, le cacao, la noix de coco, l’ananas, le clou de girofle, le poivre, la vanille et la noix de muscade. […]
Il serait présomptueux d’affirmer, sous prétexte que le Marché commun a réussi, que l’association de l’Afrique à cet organisme sera un succès. La modernisation des économies, la diversification de leurs productions ne pourront se faire qu’avec la collaboration des États membres.
Cette collaboration sera-t-elle loyale, efficace, durable ? Trouvera-t-elle en Afrique l’accueil, le contrôle qui aideront sa loyauté, son efficacité, sa durabilité ? La réduction des tarifs douaniers, la levée des contingents, ne traumatiseront-elles pas les économies, dans l’imbroglio du commerce international ?
Si l’association de l’Afrique francophone au Marché commun échoue, de sévères difficultés naîtront. Si elle réussit, on parlera de la convention de Yaoundé comme on parle en Europe du traité de Rome : le document le plus important qui a été signé depuis la guerre.
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