La mer Rouge, route migratoire désormais plus fréquentée que la Méditerranée
Des milliers d’Éthiopiens traversent chaque mois la mer Rouge pour le Moyen-Orient, notamment l’Arabie saoudite. Récit d’un parcours plein de dangers, qui impose de passer par un pays en guerre, le Yémen.
Kiros avait 40 ans quand il a vendu sa ferme et son bœuf pour prendre la route vers l’Arabie saoudite. Il est parti à pied. Un voyage qui, depuis la région du Tigray, en Éthiopie, prend environ trois ou quatre mois. Il a traversé la mer Rouge, puis il s’est évanoui dans le désert yéménite, pris sous une pluie de balles qui l’a séparé de ses compagnons de voyage.
« Il a probablement été tué par les tirs des gardes de sécurité, ou il est mort de faim ou de fatigue », suppose son fils, Gebreslassie Kiros Hailu. Kiros a disparu en 1995, mais il a fallu attendre 2018 pour que la famille se résigne à organiser une cérémonie de deuil en mémoire du disparu.
Ce genre de cérémonies, aujourd’hui, est devenue monnaie courante en Éthiopie. Car si à l’époque où est parti Kiros les Éthiopiens étaient encore peu nombreux à se lancer dans ce périple incertain vers les rives du Golfe, ils sont désormais des dizaines de milliers à tenter l’aventure, souvent au péril de leur vie.
Deux scénarios pour les migrants
En 2019, selon l’Organisation internationale des migrations, environ 11 500 personnes, dont 92 % Éthiopiens, embarquaient chaque mois sur des bateaux en direction du Yémen. Depuis deux ans, cette route migratoire est plus fréquentée que celle de la Méditerranée.
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