Tchad : bus, clim et vidéos

Avant, voyager était un calvaire. Aujourd’hui, on peut, depuis Abéché ou Sarh, rallier la capitale en moins d’une journée. Grâce à l’asphaltage des routes et à la mise en service de cars tout confort.

Auparavant, le trajet N’Djamena-Sarh pouvait se révéler laborieux. © Wikipedia

Auparavant, le trajet N’Djamena-Sarh pouvait se révéler laborieux. © Wikipedia

Madjiasra Nako

Publié le 24 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

Nassartebaye Nguengar n’a pas résisté à l’envie de commenter son voyage. Sur sa page Facebook, il écrit « N’Djamena-Sarh. Il y a treize ans ce même voyage était un calvaire. Aujourd’hui, excepté le prix du poulet à Bongor, qui est passé de 2 000 F CFA à 3 000 F CFA [de 3 à 4,50 euros], on a la chance d’être dans un bus où l’air est conditionné et où l’on peut regarder des clips vidéo. Pas mal ! »

Une semaine auparavant, Nassartebaye avait fait le voyage jusqu’à Sarh pour rendre visite à sa famille. Il s’apprête aujourd’hui à reprendre le chemin de la capitale pour rejoindre son travail. Un trajet qu’il racontera, photos à l’appui, sur les réseaux sociaux. À chaque ville traversée ses spécialités : Koumra, Doba, Moundou et leurs marchandes de fruits ; Kélo et ses vendeuses de pintades ; Bongor, ses poulets grillés et ses aubergines… Toutes défilent sous ses yeux en quelques heures, ce qui était inimaginable il y a encore quelques années. Parcourir ces 750 km de route était alors une épreuve « interminable » à cause des nids-de-poule, qui ralentissaient considérablement la circulation.

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Depuis, grâce à l’argent du pétrole et au prêt du Fonds européen de développement (FED), 50 km de route ont été asphaltés chaque année en moyenne. Si bien qu’en 2009, plusieurs sociétés de transport (Abou Salam, Sud Voyage, Safa, STTL) ont développé des services de liaisons interurbaines et assurent désormais le trajet N’Djamena-Sarh en une seule journée, ou en une nuit. Une véritable révolution pour les passagers, qui sont plusieurs centaines chaque jour à être du voyage.

Boissons

Dans un premier temps, les sociétés se sont équipées de bus climatisés d’une trentaine de places, qui ont déjà considérablement amélioré le confort comparé aux minibus dans lesquels les voyageurs étaient auparavant entassés – quand ils ne voyageaient pas sur la carrosserie, assis sur les bagages. Depuis deux ans, toutes se sont dotées de grands cars climatisés, offrant des films et des boissons pendant le trajet. « Pour aller à un séminaire qui a lieu à N’Djamena le lendemain, il suffit de quitter Sarh le soir après le boulot. On a le temps de dormir pendant le trajet et d’arriver le matin en forme pour travailler », raconte Djimanko, fonctionnaire au ministère de l’Éducation nationale.

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Ponctualité

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La différence avec les vieux taxis-brousse est devenue très nette depuis l’interdiction des surcharges, véritables points noirs pour la rapidité et la sécurité. « Désormais, les transporteurs refusent de prendre certains bagages. Ils proposent, moyennant paiement, de les transférer à bord de leurs camions spécialisés dans le transport de marchandises et les acheminent à destination. Cela permet de désengorger les bus et de voyager confortablement », apprécie Ngoudjo Mélaine, un usager.

La concurrence entre compagnies est devenue rude et profite aux voyageurs. Abou Salam (qui assure également la liaison N’Djamena-Abéché, à l’est, en une journée, via 800 km de route asphaltée) a réduit ses tarifs de 10 000 F CFA à 9 000 F CFA ; Sud Voyage propose pour sa part un dixième voyage gratuit sur présentation de neuf tickets ; la Société tchadienne de transport et de location (STTL) communique sur la ponctualité, et Safa Express donne la possibilité aux voyageurs de bénéficier d’une réduction de 10 % s’ils achètent leur billet avec la monnaie virtuelle que propose l’opérateur de téléphonie Airtel.

Services compris 

En plus du transport de voyageurs, les compagnies ont développé d’autres services. Grâce à leur présence dans plusieurs villes de province, elles assurent l’acheminement de colis et de courrier. Elles facilitent aussi les transferts de fonds grâce à un procédé simplifié. Pas besoin de pièce d’identité. Il suffit d’avoir un téléphone et d’indiquer le montant attendu. L’opérateur fait sonner le téléphone du récepteur, et le tour est joué. Ce service, bien qu’illégal, est assuré avec une efficacité et une facilité qui captent une bonne part de la clientèle traditionnelle de la Poste et des sociétés de services financiers.

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