Scandaleux !
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Pauvre Afrique ! Au Gabon, comme il y a quelques mois au Bénin, il nous faut désormais compter sur de pauvres pêcheurs à la ligne et sur leurs frêles pirogues pour extirper d’un avion qui s’est crashé en mer quelques malheureux, prisonniers dans la carlingue ! Comme à leur habitude, sapeurs-pompiers, plongeurs et autres militaires appelés à la rescousse ont traîné les pieds et, lorsqu’ils sont finalement arrivés sur les lieux du drame, ont assisté en spectateurs, pendant plus d’une heure sur une plage de Libreville, à la lente et progressive disparition de l’avion dans les abîmes. Les « secouristes » étaient « impuissants », nous explique-t-on benoîtement, faute de disposer du matériel adéquat pour découper la carlingue dans laquelle se trouvaient encore, à en croire des témoins, plusieurs passagers vivants. Plus de quarante ans après nos indépendances, l’argument (en était-ce vraiment un ?) est franchement scandaleux.
Pauvre Afrique ! Plusieurs centaines de ressortissants maliens travaillant dans les mines en Angola viennent d’être renvoyés manu militari chez eux, après avoir été copieusement dépouillés de leurs maigres avoirs, battus et entassés comme des bêtes de somme, pendant plusieurs semaines, dans des locaux exigus et insalubres. D’autres – des Guinéens et des Congolais, notamment – auraient perdu la vie au cours de véritables ratonnades. Ces galériens des temps modernes étaient des « clandestins », assure Luanda. Comprendre : taillables et corvéables au fond des mines, et à la merci d’une expulsion à la première occasion, comme ce fut le cas récemment en Guinée équatoriale. Que valent, face à des traitements aussi barbares, les discours enflammés, prononcés une fois l’an à Addis-Abeba ou ailleurs, sur la « fraternité » et l’« union » africaine ? Et que reprochons-nous au juste aux Occidentaux qui, dans la majorité des cas, se contentent de refouler les « sans-papiers » vers leurs pays d’origine ?
Pauvre Afrique ! Il n’y a plus maintenant de semaine sans que la (mal nommée) République démocratique du Congo, un des plus vastes États du continent qu’on croyait assagi, ne se rappelle à notre mauvais souvenir. Une fois, c’est l’Est, une région riche sur laquelle « veille » le voisin rwandais, qui s’enflamme. Une autre fois, c’est Kinshasa, la capitale, où, pourtant, ex-chefs de guerre et politiciens disposent, tous, depuis plusieurs mois, d’un strapontin gratifiant et juteux. Les oiseaux de mauvais augure et autres « négrologues » doivent rigoler. Nous pas ! Pauvre Afrique !
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