Quel est le statut de la prison de Guantanamo ?

Question posée par Ousmane Diallo, Bruxelles, Belgique

Publié le 15 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Enclave américaine en terre cubaine, Guantanamo réunit, semble-t-il, toutes les conditions pour devenir une prison de terroristes « idéale ». Géographiquement, tout d’abord, elle est à la fois proche des Etats-Unis – la Floride ne se trouve qu’à 800 km – et assez éloignée pour tenir les curieux à distance – à la différence de la célèbre attraction touristique. Le « Gitmo » est en outre sous la seule souveraineté américaine. Ainsi, les Etats-Unis peuvent-ils y faire ce que bon leur semble alors qu’ils auraient eu besoin de l’aval britannique pour installer le camp de détention sur la base de Diego Garcia, dans l’océan Indien. Enfin, il s’agit de la plus vieille base navale américaine outremer. C’est en 1898, en pleine guerre hispano-américaine, que les Etats-Unis choisissent ce port, situé au sud-est de Cuba, pour mouiller leurs bâtiments de guerre.
Débarrassée du joug espagnol grâce à l’intervention de son puissant voisin, la toute nouvelle République de Cuba concède alors à Franklin Roosevelt un droit d’ingérence pour « maintenir l’indépendance de Cuba et protéger le peuple cubain ». Dans la foulée, Cuba accepte de louer aux Etats-Unis les quelque 117 km² de la baie de Guantanamo. Trente et un ans plus tard, les deux Etats renouvellent leur accord : les Etats-Unis disposent, pour une durée illimitée, de la jouissance du territoire et des eaux de la baie, le tout pour 2 000 dollars en or par an, ce qui équivaudrait aujourd’hui à 4 000 dollars, que Fidel Castro refuse d’encaisser.
Avec l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir en 1959, les relations américano-cubaines se gâtent et l’avenir de la base de Guantanamo devient incertain. En 1964, par exemple, le Lider Maximo empêche le ravitaillement de la base. C’est finalement l’occasion pour les Etats-Unis de faire de Guantanamo une enclave auto-suffisante, avec notammant la construction d’une usine de dessalement de l’eau de mer.
Tour à tour utilisé comme un port pour les bateaux de la Marine, comme une base pour les opérations américaines antidrogue dans les Caraïbes, le « Gitmo » a également servi de camp de réfugiés. Au début des années 1990, 34 000 Haïtiens fuyant le coup d’Etat militaire de 1991 y sont installés. En 1994, Guantanamo Bay est de nouveau réquisitionné pour une opération humanitaire visant à assister les réfugiés haïtiens et cubains. Des bâtiments de fortune sont érigés sur le site de la radio militaire, « Radio Range », ce qui explique les appellations, empruntées à l’alphabet phonétique international, telles que Camp Alpha ou Camp Delta. Ceux qui seront par la suite construits pour recevoir dès janvier 2002 les combattants afghans seront désignés par les dernières lettres de ce même alphabet – d’où le fameux Camp X-Ray.

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