Petit lexique de la xénophobie ordinaire
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Voici quelques-unes des expressions volontiers utilisées par les Marocains pour désigner les ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne.
Africain. Le mot n’a pas toujours une connotation négative. En qualifiant les Subsahariens de « Noirs », beaucoup de Marocains craignent en effet d’être accusés de racisme. Ils préfèrent « Africain », mais cet euphémisme est en réalité l’expression d’un complexe.
Allouwiyine. Bronzé.
Assouqqi. Noir (en berbère).
Azzi ou Azwa. À l’origine, le terme n’aurait rien de désobligeant, puisqu’il viendrait de l’expression azzou Allah (« que Dieu a élevé »). Elle a pris une connotation négative à partir du moment où elle a servi à désigner les Noirs. Selon une autre interprétation, azzi viendrait du verbe aji, venir. Il signifierait « ceux qui sont venus », « les étrangers ».
Cannibale. En français dans le texte.
Chaytan. Satan. Ce terme est généralement utilisé par des femmes d’un certain âge.
Charbona. Charbon.
Choqlata. Chocolat.
Drawi. De Draa, fleuve du sud du pays près duquel vivent beaucoup de Noirs marocains. Par extension, le mot a fini par désigner tous les Noirs.
Ethiopia. Éthiopien. En raison de la guerre et de la famine qui ont longtemps dévasté ce pays – et dont la télévision marocaine, à l’époque, a abondamment rendu compte -, le terme a fini par désigner l’ensemble des Subsahariens. Il est aujourd’hui en voie de disparition.
Houma. En arabe classique, signifie « eux deux ». Désigner les Noirs par un simple pronom personnel est une manière de leur exprimer son mépris. Au pluriel, houm est usité dans des expressions comme mâ inda houm’ch wâlo (« il n’y a rien chez eux »).
Kelb. Chien.
Hayawan. Animal.
Hmar. Âne.
Lâ fadhl lîl-arabiyyin ala-l-ajamiyyîn, wa lâ li-ssiniyyîn alâ-rroûmiyyîn illâ bittaqwa. En substance : « il n’y a de supériorité des Arabes sur les non-Arabes ou des Chinois sur les Romains que par la foi (en Dieu). » Ce hadith est très souvent cité, hors de propos, pour signifier qu’il n’y a pas de différence entre Noirs et Blancs. À mi-chemin entre manifestation de sympathie et expression d’un complexe.
Moûl’essîda. Sidéen.
Negro. Noir, emprunté au latin et à l’espagnol.
Neuf. « Celui qui n’atteint pas le chiffre 10 » et est donc incomplet. Ce terme existe un peu partout en Afrique pour désigner un esclave. Les Chinois et certains peuples africains pour lesquels le chiffre 9 est sacré apprécieront.
Qahwa wa khôl. Café au lait.
Qird. Singe.
Qlawi et Qllawi. Le premier terme signifie « testicules ». Le second pourrait venir de qla (cuit), c’est-à-dire « brûlé », « calciné ». Certains Marocains, surtout à Marrakech, associent volontiers les deux mots pour désigner les Noirs.
Sale nègre. En français dans le texte.
Sauvages. Idem.
Somal. Somalien (voir « Ethiopia »). Beaucoup ne savent pas que la Somalie est membre de la Ligue arabe. Ce terme est de moins en moins usité.
Zeïtoun. Olive, parce qu’il existe des olives noires (savoureuses, d’ailleurs !)
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