No comment
Parfois, la tâche du commentateur – votre serviteur, en l’occurrence – est d’une simplicité biblique. Il lui suffit de citer les propos d’Untel ou d’un autre et de ne rien ajouter. Tout commentaire ne ferait qu’affaiblir la démonstration.
Un exemple. Effi Eitam, ministre démissionnaire dans le gouvernement d’Israël, le seul État démocratique du Moyen-Orient (air connu). Ce monsieur se lève chaque matin, déjeune, se brosse les dents, embrasse bobonne et les enfants et s’en va au boulot. Ce matin, le boulot consiste d’abord à donner une interview au vénérable New Yorker, mensuel américain de haute tenue. L’entretien se déroule très bien. On boit du bon café et on plaisante de temps à autre. Moyennant quoi, voilà ce qu’on peut lire dans le numéro du 31 mai dernier : « L’État d’Israël a été investi par Dieu de la tâche de détruire militairement les forces du Mal. » Bon. Eitam n’est ici pas plus stupide, arrogant ou malfaisant que les néocons américains du genre Perle, Wolfowitz ou Ashcroft. Sauf que ceux-ci visent des États, des armées, des organisations combattantes, alors qu’Eitam justifie ainsi qu’un tank tire sur une foule de civils, comme naguère à Rafah.
Mais, selon le journaliste du New Yorker Jeffrey Goldberg (lui-même juif, donc peu suspect de vouloir noircir le portrait de l’effrayant salaud qu’il interviewe), voilà ce que Eitam a ajouté off the record : « Il n’y a pas d’innocent parmi les Palestiniens. Nous devons les tuer tous. »
C’est un ancien ministre qui parle, un mari, un père, un homme qui a des responsabilités, citoyen en vue de l’un des États les plus avancés économiquement, militairement et socialement du monde.
« Nous devons les tuer tous. »
Je vous le disais : no comment.
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